Percer la nuit

Si les chevaux sont particulièrement sensibles à cet alcaloïde et qu'ils meurent cinq minutes après l'ingestion d'aiguilles d'ifs, chez l'homme, le processus mortifère est plus lent. Au bout d'une ou deux heures, il est pris de violentes crampes intestinales, de nausées, de vomissements et de diarrhées. Suivent des vertiges, des hallucinations, une chute brutale de tension, des troubles cardiaques, puis une mort subite suite à un arrêt du système cardiaque et respiratoire.
Françoise Le Mer - Le Festin des pierres
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 03 avril

Contenu

Roman - Noir

Percer la nuit

Social - Urbain - Faits divers MAJ mardi 01 avril 2025

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21,5 €

Carole Agari
Rodez : Le Rouergue, avril 2025
254 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-8126-2676-0
Coll. "Noir"

Quand du noir s'ajoute au sombre

Johanne est une jeune femme qui travaille comme monitrice d'auto-école. Un soir, dans des friches industrielles, elle donne des cours à sa sœur. Mais sous l'emprise de drogue et d'alcool, un accident mortel intervient. La sœur morte, Johanne est condamnée à six ans de prison. Son père la renie, même si l'affaire est complexe car Johanne ne se souvient pas de tout si ce n'est que son père était trop "proche" de sa sœur. Les années de prison sont à présent derrière elle. Elle a pu sortir avec une remise de peine mais elle doit quand même être sous la surveillance d'un agent de probation pour quelques mois. Alors, elle revient dans la ville où elle a grandi et parvient à trouver un petit boulot comme distributrice de catalogues et autres publicités dans les boîtes aux lettres. C'est un métier rude et peu payé, mais elle s'y accroche. C'est alors qu'elle rencontre une jeune immigrée avec laquelle elle se lie, tente de voir son père qui est alité, attendant la mort, veillé par la sœur de sa mère, devenue sa nouvelle épouse. Elle essaie, mais il est particulièrement compliqué, de ne pas remonter dans le piège de l'alcool, de renouer avec la vie quand des flashs obsédants continuent à ponctuer ses nuits. Dans ces conditions, pourra-t-elle se reconstruire, redémarrer une vie normale ? Pour éviter une crise, Johanne décide de voler les médicaments de son père, qui pourraient la faire planer. Mais son père décède et la police se demande si elle ne lui aurait pas fait gober les pilules manquantes... Quand l'entreprise où elle travaille risque de fermer, les ennuis recommencent de plus belle.

Le roman de Carole Agari se situe dans une grande ville portuaire, où la déprise industrielle semble avoir eu lieu - petits boulots, petites vies, supermarchés, docks sordides, boissons pour oublier qu'on vit là, entre l'autoroute grondante et la voie ferrée rouillée. Une ville en dérive ce qui accentue par ricochets les dérives possibles de ses habitants. Des destins brisés, des immigrés aux destinées déjà toutes tracées, des gens qui se contentent de peu et se battent pour conserver ce peu, à l'image de cette femme qui épouse le mari veuf de sa sœur, afin d'avoir sa pension de reconversion, des petits chefs qui en profitent, d'autres qui essaient de rester humains. Dans Percer la nuit c'est toute une humanité qui grouille. Au milieu de ce désespoir une femme blessée, ancienne alcoolique sur le fil du rasoir, qui pourrait replonger en une seconde. C'est de cette atmosphère (et des questions qui arrivent par rafales sur sa responsabilité ou non dans la mort de sa sœur, dans cette fille immigrée qui n'est peut-être pas celle qu'elle prétend être, sur des amitiés et des inimitiés ouvrières qui pourraient se nouer) que le roman inscrit sa marque noire, le noir triste, sombre et désespérant d'un monde qui se meurt, se convulse, dans un silence assez assourdissant, un monde où pourtant des petites lueurs d'espoir surnagent. Un premier roman qui impose une écriture âpre, rude, sensible aux petits riens qui font la vie, une écriture et une auteure à suivre.

Citation

Elle s'était toujours levée très tôt depuis ses années de prison. Au fil du temps, l'astreinte pénitentiaire s'était peu à peu érodée en une douce habitude où cette heure de l'aube, suspendue à l'apparition de la lumière, était aujourd'hui intrinsèquement liée à la saveur de sa libération.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 01 avril 2025
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page