Cartel 1011. 1, Les Bâtisseurs

Il clignait des yeux de myope derrière des lunettes épaisses comme des culs de bouteille, c'était un prêteur sur gages et l'un des plus redoutables joueurs de poker amateurs de toute la ville. Il avait tué deux joueurs dont Hammett connaissait les pedigrees.
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Roman - Thriller

Cartel 1011. 1, Les Bâtisseurs

Géopolitique - Mafia - Drogue MAJ jeudi 10 avril 2025

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 23 €

Mattias Köping
Paris : Flammarion, octobre 2024
622 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-08-045089-0

Aujourd'hui Cancun, demain le monde

Le Yucatan est une région du sud du Mexique en proie à la même violence que le reste du pays, mais c'est aussi l'endroit où arrivent les touristes, pour savourer les plages autour de Cancun. La famille Hernandez descend des conquistadors et règne sur la région par son poids économique. L'empire industriel pèse lourd et possède une immense influence. Il a diversifié ses activités et touche à tout, notamment le BTP, le tourisme, la pharmacie. Et il entend profiter du nouveau projet du nouveau président : la construction d'une ligne ferroviaire à grande vitesse, le train maya qui va accélérer encore à la fois l'économie de la région, les grands projets et les profits, en même temps qu'une destruction renforcée de la nature. Dans cet endroit, une nouvelle mafia est en train de s'installer, le mystérieux groupe 1011, un des rares cartels qui communique peu et pratique outre la violence habituelle et les trafics en tout genre, la corruption et le chantage généralisée sur les habitants et les forces de l'ordre. Le cartel vient justement de récupérer par la violence un jeune chimiste prometteur. Sous la menace de viols répétés et de prostitution de sa fiancée, le groupe l'a envoyé en Europe pour superviser un nouveau laboratoire clandestin qui va les enrichir. En effet, le groupe 1011 a décidé de délaisser le marché américain, trop contrôlé par d'autres cartels et de s'annexer les débouchés en Europe. Pour cela, le gang a envoyé des offres d'alliance avec les mafias locales sous peine de destruction. Et depuis quelques mois, les policiers européens sont inquiets car des affaires se multiplient avec des dealers, des gros bonnets de la drogue qui sont retrouvés torturés, violés, découpés en morceaux afin de semer la terreur. Bien sûr, les polices essaient de se coordonner, mais entre des politiciens frileux et des gens déjà corrompus sans doute dans leurs propres rangs tout ça est assez difficile. De même, au Yucatan, des pauvres gens commencent à tenter de se révolter contre les cartels ou contre la puissance du groupe Hernandez. Mal leur en prend car des journalistes, des lanceurs d'alerte écologiques se retrouvent enlevés et réduits en chair à pâté. Et quand un prêtre lance des sermons enflammés, sa hiérarchie le désavoue...

Mattias Köping signe là un thriller dans la grande tradition du genre avec éclatement des personnages et des lieux. Nous allons suivre des policiers en Europe, un de leurs indics particulièrement abject, les tueurs en mission, les cadres dynamiques qui créent les alliances, la vie du clan Hernandez, celle d'un policier corrompu au Yucatan, des gens des bidonvilles qui tentent de survivre, des journalistes qui enquêtent au péril de leur vie tandis que d'autres sont d'efficaces courroies de transmission des capitalistes. L'auteur dresse ainsi un portrait violent, sanglant et sans concessions du monde actuel et la façon dont, après les pays pauvres, l'Europe risque de basculer sous la coupe des narcotrafiquants (et les reportages de ces derniers mois semblent accroître cette impression). Malgré son poids (plus de six cents pages denses et le fait que ce ne soit qu'un premier volet), Cartel 1011 se lance dans la cour des grands thrillers et s'y fait une place amplement méritée, conciliant les scènes choc et les explications, jonglant sur son intrigue avec réussite et nous faisant attendre avec impatience le deuxième ou second volet.

Citation

Cancun, ce nom d'origine maya l'indiquait assez, n'était qu'un nid ou un trou de serpents. S'ils avaient deviné combien ce toponyme s'avérerait funeste, les Mayas auraient-ils baptisé ainsi ce jardin d'Éden ? Le mépris qu'ils y mirent se retourna contre cette beauté sidérante.

Rédacteur: Laurent Greusard jeudi 10 avril 2025
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