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Le Chant de la femme cryptée


Grand format
Inédit
Tout public
Bruxelles : Kana, août 2024
illustrations en couleur ; 25 x 18 cm
ISBN 978-2-505-11684-4
Crépuscule rouge
2068 : fin de la seconde guerre civile espagnole alors que l'âme du général Franco et de la première rôdent encore. À Benidorm, petite ville côtière d'Alicante, en 2122, les blessures ne sont pas cautérisées. La féline Azabache Montoya y est chanteuse de copla, des chansons sentimentales traditionnelles, dans un cabaret nocturne. Mais si Azabache est une ex-taularde, l'inspecteur Sanchez de la Guardia Civil vient la voir un soir pour l'aider à attraper un tueur en série qui a déjà sévi au moins trois fois selon le même mode opératoire : torture, agression physique et un sabre pour achever ses victimes. Or, dans ce futur pas si lointain, la science a développé l'immersion, une méthode pour entrer dans la psyché des victimes et de tenter d'aller à la rencontre de leur prédateur. Azabache a déjà travaillé pour la police en immersion. Mais c'était pour lutter contre des trafiquants. Là, la lutte s'annonce féroce. Et la jeune femme n'est pas au bout de ses surprises car si elle se voit contrainte d'accepter la mission, elle va surtout plonger tête baissée dans un complot qui la dépasse et remuer des souvenirs personnels, qui la feront regretter ses agissements au risque d'y perdre sa propre santé mentale.
Accepter de plonger dans Le Chant de la femme cryptée est tout sauf aisé. À la confluence du manga et du comics, voire du cartoon, l'œuvre de Jimi Macías est une œuvre dense, complexe, qui nous emmène dans un futur proche mais qui aurait déjà un passé que l'on doit comprendre. À ceci, s'ajoute la compréhension de l'histoire réelle sociale espagnole. Centrée sur ce personnage tendance super-héroïne tourmentée qu'est Azabache, l'intrigue se déploie et montre ses ramifications surprenantes que l'on peut avoir du mal à suivre. Il faut voir cette bande dessinée comme une complainte exacerbée que l'on doit relire au moins une seconde fois. D'autant plus exacerbée que le récit est faussement déstructuré et que le lecteur se fait happer par le graphisme. Sur fond d'aplats saturés aux teintes parfois psychédéliques, le dessinateur mêle toutes ses influences (et elles sont nombreuses, mais harmonieuses) pour un rendu saisissant prenant le risque de nous perdre. Chaque planche est un tableau plus ou moins éclaté mais unique. Si le procédé est le même, aucune page ne se construit identiquement. Véritable travail d'orfèvre sur un scénario ingénieux et complexe, Le Chant de la femme cryptée n'est pas à mettre entre toutes les mains mais s'inscrit dans la lignée des très bons récits noirs inextricables à l'américaine.
Illustration intérieure

Citation
Jusqu'à quel point peut-on se fier au témoignage d'une femme incapable de faire la distinction entre la réalité et les délires de son propre esprit ?

