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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Isabelle Maillet
Paris : Rivages, avril 2025
378 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-6702-3
Coll. "Noir"
Infernale Cité des Anges
Charlotte Justice est une inspectrice du LAPD qui porte bien son nom mais a du mal à supporter les remarques et les actes de ses collègues hommes. Faut dire que c'est une femme dans un univers d'hommes, qu'elle est afro-américaine et qu'elle subit toutes sortes de harcèlement en cette année d'émeutes dans les quartiers Noirs. Nous sommes en 1992 et pour l'heure, elle est dans un fourgon blindé dans les rues sous couvre-feu. C'est alors qu'un homme noir est repéré aux abords d'une voiture. Charlotte Justice aura bien du mal à empêcher Lance Mitchell d'être tué par ses collègues, mais ce n'est pas ça le plus grave. À l'angle de la rue, on retrouve le corps de Cinque Lewis, un ancien membre de gang. L'homme a été assassiné. Étranglé et achevé d'une balle dans la tête. Seulement, Cinque Lewis n'est pas un inconnu des services du LAPD, encore moins de Charlotte Justice. Douze ans plus tôt, il a abattu son mari et sa petite fille de six mois avant de s'enfuir. Pour elle, des souvenirs pas encore enfouis refont surface. Surtout, elle se retrouve au cœur d'une enquête qui l'implique. Pour parachever le tout, quand elle accompagne Lance Mitchell à l'hôpital, elle y croise Aubrey Scott, un amour de jeunesse, de sa vie d'avant quand elle était un peu boulotte mais bien plus heureuse. L'enquête qui se profile va s'avérer dangereuse. Elle semble graviter autour d'adolescents qui squattent TAGOUT, une galerie d'art du tag soutenue par Mitchell. Et quand ce dernier est retrouvé également assassiné dans une mise en scène macabre d'un jeu érotique qui aurait mal tourné, Justice prend encore plus l'affaire à cœur.
Le roman Inner City Blues (hommage à Marvin Gaye), de Paula L. Woods, démarre en trombe dans une ville qui bascule dans le chaos. Les premières pages qui relatent la traversée de ces flics du LAPD nous plongent dans une terrible noirceur digne des meilleurs romans de littérature urbaine. Puis les errements sentimentaux de Charlotte Justice prennent le pas. Laissant retomber la pression avant un final qui fonce à cent à l'heure. Mais ce qui reste le plus intéressant, c'est cette ville de Los Angeles passée sous le scalpel des émeutes. En 1992, celles de Watts deux décennies plus tôt sont encore dans tous les esprits, et Paula L. Woods s'en fait la narratrice contemporaine (le roman date de 1999). Elle aborde également, au cœur d'une intrigue où le style de son écriture est omniprésent, les autres traumatismes de l'Amérique – de la guerre du Vietnam à la mise à l'écart des populations afro-américaines à l'occasion de politiques urbaines désastreuses. Elle parle aussi des conditions de travail tant du côté des forces de l'ordre que de celles du personnel soignant. Elle retrace les guerres de gangs. Aborde la rédemption. Parle en filigrane du street art et de musique. Et puis la famille, au sens civique comme au sens large. Au final, la résolution de l'enquête s'avèrera d'une simplicité crasse (comme souvent), mais Paula L. Woods a posé les jalons d'une série avec une enquêtrice aux épaules solides. À suivre !
Citation
Plus j'y pensais, plus je sentais la moutarde me monter au nez. Alors, plutôt que de gaspiller mon énergie à ruminer, je décidai de l'employer à établir une chronologie des événements du vendredi après-midi en prévision de la montagne de paperasses qui, je le savais déjà, m'attendait au bureau.

