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Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Marie Ploux, Catherine Cheval
Paris : Fayard, avril 2010
302 p. ;
ISBN 978-2-213-63716-7
Coll. "Noir"
Actualités
- 09/02 Prix littéraire: Sélections pour les prix Nouvel Obs-BibliObs 2011
Le lundi 28 mars à la Maison du Barreau à Paris seront remis les prix Nouvel Obs-BibliObs du roman noir - l'un reviendra à un roman noir français, l'autre à un roman noir étranger. Pour cette troisième édition, le jury, présidé par Claude Perdriel, a sélectionné les ouvrages suivants :
Romans noirs français
- Lonely Betty, de Joseph Incardona (Finitude)
- Et qu'advienne le chaos, d'Hadrien Klent (Attila)
- Les Yeux des morts, d'Elsa Marpeau (Gallimard)
Romans noirs étrangers
- Un monde sous surveillance, de Peter Temple (Rivages)
- Le Credo de la violence, de Boston Teran (Le Masque)
- Brooklyn requiem, de Ken Bruen (Fayard)
- Green river, de Tim Willocks (Sonatine)
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Faire son trou en faisant des trous
Matt O'Shea est, comme son nom l'indique, est un Irlandais. Assoiffé de pouvoir, il décide d'entrer dans la police tout en répondant à ses pulsions de tueur en série, qui étrangle ses victimes avec un chapelet vert. Mais l'Irlande est un terrain de chasse beaucoup trop petit, et il va aller chercher la gloire à New York, dans le cadre d'un échange entre polices. Là, il va pouvoir faire s'épanouir ses compétences diverses.
Ken Bruen est un auteur prolifique. À peine a-t-on repéré un de ses livres qu'un autre déboule. Et pourtant, derrière chaque histoire, il y a toujours le même souci de la qualité. Brooklyn requiem ne raconte aucun crime en détail, oublie des éléments, s'égare (ou nous égare plutôt) sur un personnage secondaire dont l'œil relance l'intrigue : nous sommes avec O'Shea et puis l'intrigue se focalise sur son équipier, un policier ripou dont la sœur est tuée. Représailles de truands ? Peut-être... Puis un journaliste, frère d'une autre victime, débarque avec O'Shea dans son collimateur...
Ken Bruen sans sombrer une seule seconde dans le sordide, déroule son histoire avec brio, bifurque, change de point de vue, titube mais c'est pour mieux d'un coup de rein revenir en plein centre, là où ça fait très mal (y compris avec une chute... chut !). Du coup, sa façon de constamment se décaler renforce sans y toucher la caractérisation des personnages qui deviennent des êtres de chair et de sang, des gens que l'on croise, dont toute l'intériorité ressort par une phrase cinglante ou par la façon de boire ou de refuser une bière. Une véritable humanité s'agite-là, avec ses tares, sans que l'auteur n'y instaure une dose de moralisme bien pensant.
Tendu comme la flèche sur l'arc, Bruen gratte jusqu'à l'os son intrigue, fait disparaître tout le gras pour n'offrir au lecteur que les meilleurs morceaux. O'Shea est tueur en série, mais bon, c'est quasiment normal pour lui, c'est sa façon d'appréhender le monde. Il a la densité des policiers de James Ellroy et leurs obsessions, mais c'est au lecteur de faire tout le travail. Là où Ellroy dissèque, revient, triture, s'obsède lui-même avec une langue chargée en émotions, Bruen choisit une autre voie (une autre, pas une meilleure ou une inférieure, une AUTRE) et décrit lui aussi un monde sombre et caché,où tout n'est que rapport de force, violence, travestissement de la vérité pour un impact maximum, bref ici et maintenant.
Nominations :
Prix Nouvel Obs BibliObs du roman noir étranger 2011
Citation
Parce qu'à la fin des fins, quand les emmerdes me pleuvaient dessus, j'aurais payé cher pour récupérer une dose de ma propre prévisibilité.