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Grand format
Inédit
Tout public
416 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-07-012518-0
Coll. "Série noire"
Actualités
- 04/04 Prix littéraire: Prix Mystère 2012 : les lauréats
- 19/01 Association: Polars en Cercle à Lyon (69)
- 14/12 Festival: Quais du polar 2011 - infos supplémentaires
- 06/12 Librairie: Marin Ledun à Casteljaloux (47)
- 02/06 Radio: Avant-goût estival sur les Ondes noires
- 31/05 Auteur: Marin Ledun en signatures
Tout n'est que vanité
Tournon : une ville de taille moyenne, posée au bord du Rhône, évidemment trop tranquille. Une ville sans histoires, du moins sans celles qui s'ébruitent.
Et tout explose.
Cinq suicides en une journée. Les victimes, filles comme garçons, sont âgées de sept à quatorze ans. Mortes de façon déterminée, méthodique, violente : clairement pas des appels au secours qui auraient mal tourné. Et qui pourrait croire à une coïncidence ?
Alexandre Korvine est appelé de Valence pour enquêter sur place, flanqué de Revel, un jeune flic du coin. Korvine connaît Tournon, un peu ; lui aussi y a été adolescent, bien des années auparavant. Face à ces actes incompréhensibles, les suspects habituels sont évoqués, la drogue, Internet, les jeux de rôles. Des boucs émissaires sont vite désignés, l'animateur de MJC adulescent, le pédophile présumé... alors que des personnalités bien plus troubles sont d'office innocentées par les Tournonais. Et le temps presse : d'autres jeunes de Tournon décident à leur tour de mettre fin à leurs jours.
Mais Korvine se heurte à la ville, à ses habitants et surtout au lourd silence qui plane sur l'une comme sur les autres. Tout le monde semble savoir quelque chose, sans pouvoir le mettre en mots... ou sans le vouloir, et ce même parmi les plus désespérés des parents, qui ne font pas grand-chose pour assister Korvine dans l'enquête. Tournon, esprit de ruche, ville hystérique qui préfère laisser ses enfants se tuer plutôt que de parler, cache un secret poisseux, omniprésent.
Cette ville qui prend corps, dérangeante et sombre, est le point fort du roman de Marin Ledun - ainsi que son personnage principal, sa sinistre héroïne. L'enquête est rythmée par les pérégrinations de Korvine de quartier en quartier, le long des avenues, au sein des foyers moyens de cette ville moyenne ; en quelques phrases sèches, le moindre recoin, la moindre rue prend vie, pas de façon lumineuse et éclatante, mais avec une noirceur sublime. Un tour du propriétaire qui marque.
Très réussi aussi, ce point de vue distancié, interloqué sur le monde de l'adolescence dans ce qu'il a de plus trouble. Pas plus tarés que leurs parents, les gosses de Tournon sont des jeunes de province qui s'ennuient, suspendus entre l'enfance et l'âge adulte, à la dérive comme il se doit. Marin Ledun ne prétend pas les expliquer, justifier leur comportement par A + B ; incapable lui aussi de les comprendre, le lecteur les contemple, interdits, et ne peut que les trouver inquiétants, un peu monstrueux. Face à eux, Korvine l'adulte, Korvine le flic est peut-être, effectivement, le seul à pouvoir tendre la main pour les toucher : les jeunes et lui partagent une certaine forme de détachement, un dégoût pour la ville ; comme eux, Korvine a conscience d'être mourant.
La Guerre des vanités est un roman noir, très noir, mais fascinant, servi par une écriture percutante, élégante et directe à la fois. Après des débuts prometteurs au Diable Vauvert, deux reprises de personnages récurrents ("Le Poulpe" chez Baleine et "Mona Cabriole" chez La Tengo), Marin Ledun fait là son entrée dans la "Série noire" - et en beauté.
On en parle : Carnet de la Noir'Rôde n°40 |Alibis n°36
Récompenses :
Prix Mystère de la Critique 2011
Nominations :
Prix des Lecteurs Quais du Polar 2011
Prix Polar Michel Lebrun 2010
Citation
La ville et l'affaire sont étroitement imbriquées. Pour comprendre la deuxième, il faut connaître chaque élément de la première. Chaque rue, chaque recoin, chaque habitant.