Fatum

Ça sent la paille. La paille ? Pas la bonne, celle dans laquelle vous vous blottissez enfant, qui croustille et fleure l'été, les grandes vacances, avec en prime un petit parfum d'interdit. La paille souillée, pourrie.
Janine Boissard - Quand la belle se réveillera
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

samedi 27 avril

Contenu

Roman - Noir

Fatum

Social - Enquête littéraire - Faits divers MAJ jeudi 29 juin 2023

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 14 €

Sylvie Callet
Saint-Étienne : Le Caïman, janvier 2023
232 p. ; 19 x 12 cm
ISBN 978-2-493739-06-3
Coll. "Roman noir", 10

Fleur de banlieue

Une histoire parfaitement banale dans ces banlieues où l'on parque les indésirables : depuis qu'Amar a suivi les injonctions des politicards en rentrant au bled, son épouse Sabine peine à maintenir sa famille à flots. Il y a Myriam, la petite sœur de plus en plus ingérable. Il y a le frère Sohan qui se radicalise avec des islamistes d'opérette ; et il y a Samia, quinze ans, des rêves d'écriture plein la tête, et Abby, sa meilleure amie qui se laisse dériver en dépit de son attraction pour Sohan. Samia voit un rayon de soleil percer le béton lorsque débarque dans le quartier Madame Suzanne Henry, muette, ex-libraire, surnommée "la dame aux livres" dès son arrivée tonitruante. C'est le début d'une improbable amitié avec Samia qui lui emprunte ses précieux livres. Mais un beau jour, elle trouve la vieille dame poignardée dans son salon... Les soupçons se portent sur Sohan, précipitant sa chute. Mais c'est en fait Abby qui a commis accidentellement le crime lorsque la "dame aux livres" lui a dévoilé son secret, la poussant à rejoindre Sohan dans ses délires. Lorsque la pression est trop forte, la résolution ne peut être qu'explosive et dévastatrice...

Sylvie Callet nous propose un roman difficile à classer :: roman noir au sens large ? Mélodrame criminel, comme le sous-entend son titre ? On est une fois de plus dans cette zone grise entre littératures dites "noires" et "blanches" qui offre souvent les textes les plus passionnants. Il eût été facile de donner dans le cliché, mais on croit du début à la fin à ces personnages de roman choral parfaitement maîtrisé, chacun avec ses fêlures et ses contradictions ; et si on cède à la mode du récit intercalaire, ce n'est pas pour le plaisir de noircir de la page, mais bien pour rajouter un nouvel éclairage doux-amer au gros œuvre. Comme le dit l'auteure, ce fait divers aurait pu enflammer l'actualité l'espace d'un instant avec son flot de récupérations putassières sans plonger, comme elle le fait, dans la vérité des êtres. Elle y ajoute sa carte maîtresse : une écriture travaillée, lumineuse, qui sait toucher juste — en dépit d'un argot de banlieue très daté, puisqu'on présume que l'action est contemporaine —, qui fait qu'il y a bien plus d'émotions dans ces deux cents vingt pages que dans des pavés dont on nous rebattre les oreilles.

Citation

Je plongeai la tête la première dans cet océan de bouquins, bien décidée à ne plus jamais remonter à la surface. J'avais trouvé mon sanctuaire, j'entrai dans la nirvana. Je m'accrochai aux branches des lettres comme à des bouées de sauvetage, j'enjambai avec allégresse les passerelles entre les mots, me laissant glisser d'une phrase à l'autre comme sur un toboggan géant, me délectai de sensations nouvelles [...] Je communiais avec les âmes nichées entre les pages, faisais corps avec les rayons de la bibliothèque. Il fallut m'en déloger de force.

Rédacteur: Thomas Bauduret mardi 20 juin 2023
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page