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lundi 29 avril

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Roman - Thriller

Zone B

Huis-clos - Complot - Montagnard MAJ mercredi 30 août 2023

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 10,3 €

Marie Hermanson
Himmelsdalen - 2011
Traduit du suédois par Johanna Chatellard-Schapira
Arles : Babel, avril 2017
470 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-330-07606-1
Coll. "Noir", 177

Se libérer d'un jumeau

Dans le roman policier, il y a - parmi les règles écrites ou non-écrites du genre -, l'idée qu'il ne faut pas abuser des jumeaux. Pourtant le thème peut être traité s'il est intelligemment mené. Ici, d'ailleurs, le ressort de l'intrigue de la Suédoise Marie Hermanson n'est pas les jumeaux comme complices d'un crime (thème assez galvaudé dans l'histoire fictionnelle). Et ça permet de mettre aussi en avant la variable de l'éducation : en effet, les deux jumeaux s'entendaient si bien bébés que l'un des deux faisait tout pour l'autre qui ne se fatiguait même pas pour marcher ou parler. Résultat : les deux enfants furent séparés quelques temps et leur éloignement entraîna également celui des parents, avec divorce à la clé. Ainsi Daniel et Max devinrent de parfaits étrangers l'un pour l'autre. Mais aujourd'hui, Daniel vit petitement comme traducteur et son frère a réussi dans les affaires à l'international. C'est alors que Max appelle son frère à la rescousse : il est dans une clinique de nouvelle génération, un établissement ouvert inséré dans un petit village perdu dans les montagnes suisses. Il ne peut quitter la clinique mais avec quelques changements, son frère pourrait s'offrir des vacances dans le centre de repos tandis que, lui, règle une affaire importante à l'extérieur. L'échange se fait va s'avérer un piège...

Nous sommes là dans un polar kafkaïen, du moins dans la première partie : le personnage se met dans une situation inextricable et il ne sait comment s'en sortir, d'autant qu'un grand nombre de paramètres lui ont été cachés - les pensionnaires du centre de repos semblent bien étranges ; l'un s'amuse à attaquer les pigeons avec ses faucons apprivoisés, un autre a le monopole du bûcheronnage et est très violent (il a tendance à torturer ceux qui ne règlent pas leur facture) et les hôtesses d'encadrement viennent deux fois par jour dans les petits cottages des pensionnaires pour vérifier qu'ils sont bien présents. De plus, tout le monde a l'air de trouver bien drôle l'idée de Daniel de faire sa valise et de vouloir partir. On a l'impression d'être dans un remake de la série Le Prisonnier. Puis le récit tourne, de manière logique, au thriller (seul petit bémol : le suspense est si bien monté que la résolution s'avère un peu échevelée et moins convaincante). Il y a bien des raisons pour que les pensionnaires soient étranges et que Max ait voulu échanger avec son jumeau, et le roman s'oriente vers d'autres pistes, aussi paranoïaques et angoissantes. L'histoire centrée sur Daniel permet de lui donner une épaisseur sensible au milieu de ce cauchemar éveillé raconté de manière classique et intelligente par une auteure inspirée.

Citation

Daniel fut surpris de constater que la clinique abritait un restaurant, le genre d'auberge de qualité qu'on aurait pu trouver dans n'importe quelle grande ville.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 30 août 2023
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