Belle de mai

Pour lui passer la robe, il faut que trois femmes de chambre montent sur des chaises et soulèvent le vêtement avec de longues baguettes pour le dresser au-dessus de sa tête et le descendre par les épaules.
Jean-Christophe Duchon-Doris - La Mort s'habille en crinoline
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

lundi 29 avril

Contenu

Roman - Noir

Belle de mai

Hard boiled - Disparition - Urbain MAJ mardi 19 septembre 2023

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit



Prix: 21 €

Pascal Escobar
Marseille : Le Mot et le reste, septembre 2023
256 p. ; 21 x 15 cm
ISBN 978-2-38431-249-8
Coll. "Littératures"

Les (nouveaux) mystères de Marseille

Stanislas Carrera a été éducateur auprès des jeunes dans la ville de Marseille. Il s'est séparé de sa femme mais, visiblement, il est en train de renouer passant quasiment autant de temps chez elle (et leur fille) qu'à son propre domicile. Et puis, il s'est reconverti comme détective privé, même si l'essentiel de son travail consiste à collaborer avec les juges aux affaires familiales à travers de petites recherches les intéressant. C'est alors qu'il est contacté par une jeune femme d'origine comorienne dont la vie est passablement compliquée : le grand frère est actuellement en prison et va être jugé pour le meurtre sauvage d'une femme dans le métro. Mais il clame son innocence mais la présence de traces de son Adn sur le corps de la victime, traces qu'il ne peut ou ne veut expliquer. Cependant, ce n'est absolument pas pour cela que la jeune femme veut engager Stanislas Carrera. Elle s'inquiète pour le deuxième fils, Fuad, qui avait repris le travail illicite de son frère et qui a disparu. Il travaillait en effet pour le Libanais, un truand local qui gère une partie de la ville de Marseille et qui n'est pas réputé pour sa gentillesse. A-t-il disparu volontairement ? A-t-il été tué par les sbires du Libanais ? La grande sœur veut en savoir plus et elle commence à préparer une solution de repli dans une autre ville si le détective retrouve son frère. Stanislas Carrera, entre deux soirées avec son épouse et deux courses avec sa fille, reprend l'enquête, rencontre le Libanais, grâce à un ami qui lui avoue qu'il recherche aussi le jeune homme car ce dernier se serait fait la malle avec une sacoche contenant de l'argent et de la drogue. Le détective est de plus en plus empli de doutes surtout lorsqu'il croise le père de Fuad, un émigré comorien, violent, ayant des relations sadiques avec des prostituées et sans doute pédophile. Travaillant comme boucher dans des abattoirs, l'homme est sauvage et cache des choses, mais quoi ?

Le personnage central de Belle de mai, de Pascal Escobar, est attachant. Ni Dom Juan, ni retiré des affaires, il vit une relation humaine étrange mais crédible. Ayant toujours vécu sur Marseille, il fait alterner dans son esprit le passé un peu plus rose et un présent assez noir, assez glauque et qui reflète de l'intérieur les pires impressions que nous avons en suivant les actualités. Pourtant, malgré la décadence dans laquelle semble s'enfoncer sa ville - il la décrit même souvent de manière un peu misérabiliste -, il offre régulièrement des vues sur son humanité, sur sa vitalité pleine d'espoir. Quelques scènes fortes (dont un final où le héros est agenouillé devant un homme qui le tient en joue) ponctuent une intrigue fine et sensible, révélant une ville complexe, peuplé d'hommes et de femmes aussi complexes. Même si elle est fortement ancrée dans une cité précise, décrite avec soin, et qui sera appréciée par ceux qui la connaissent, l'intrigue joue aussi avec des éléments plus éternels et traversant les frontières : l'empathie, la violence, les relations amicales et la solidarité, l'égoïsme, la dureté, pour continuer cette exploration de la Tragédie humaine (parfois peuplée de comédie) qu'est notre pauvre humanité. Annoncé comme le premier volet d'une trilogie, Belle de mai est un roman qui nous laisse sur notre faim et dont on attend avec impatience la suite.

Citation

Le détective et Merguez s'engagent sous la passerelle des Arnavaux. Ils remontent la rue de Lyon. Il y a bien longtemps que cette voie ne mène plus à Lyon ni nulle part. Des grappes d'enfants noirs jouent dans la rue. Un gitan a ouvert une borne à incendie et les enfants profitent des bienfaits de l'eau fraiche comme s'ils étaient à Aqua Boulevard.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 18 septembre 2023
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page