Un espion en Canaan

D'une façon étonnante, c'était comme s'il continuait d'être ce qu'il avait toujours été, un trou noir qui dévorait tout ce qu'il y avait de bien autour de lui, qui engloutissait tout l'amour qui lui était donné, et aussi celui qui ne lui était pas donné.
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samedi 27 avril

Contenu

Roman - Espionnage

Un espion en Canaan

Psychologique - Géopolitique - Guerre MAJ vendredi 05 janvier 2024

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

David Park
Spies in Canaan - 2022
Traduit de l'anglais (Irlande) par Cécile Arnaud
Paris : Quai Voltaire, janvier 2024
236 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 979-10-371-1086-2

Ennemi dans votre propre camp

De nos jours, Michael Miller est un vieux diplomate. Depuis la mort de sa femme, il vit seul dans sa grande demeure, épaulé par une aide ménagère à qui il proposerait bien le mariage. Il regarde le temps qui s'écoule quand il est contacté par Ignatius Donovan, un ancien de la CIA, qui aurait besoin de lui pour une dernière mission officieuse. Miller se met alors en route pour l'arrière pays où vit Donovan. C'est l'occasion pour lui de se souvenir de l'année 1973. Jeune diplômé, frais sorti de l'université, Michael Miller est envoyé à Saïgon pour traduire des documents. Il côtoie des locaux et croise Donovan, plus jeune, qui l'entraîne dans des missions secondaires pour la CIA. Dans ces semaines stressantes, alors que chacun essaie de faire croire qu'une victoire est encore possible, puis que l'on pourra aider tous ceux qui ont collaboré avec les Américains à émigrer vers les États-Unis. Même dans ces circonstances, certains services se tirent dans les pattes et Miller est obligé de fonctionner parfois en cachant tout, y compris à ses propres patrons. Mais la défaite et la fuite arriveront quand même...

Avec David Park, nous sommes là dans un roman d'espionnage, mais d'un genre particulier. Il ne s'agit pas de gadgets, de courses-poursuites, de tortures et de coups de feu. On plonge dans une version un peu plus désenchantée : les missions sont évoquées mais sans que l'on saisisse bien ce qu'il en est, la dernière demande de Donovan est explicitée mais de manière discrète. Le but n'est pas de faire jouer des tremblements humains, des enjeux géostratégiques, mais de suivre un personnage en particulier, jeté dans le bain, sans trop qu'il comprenne les tenants et aboutissants, dans les désillusions d'une guerre perdue d'avance mais dont il faut cacher le piège aux instances supérieures qui ne veulent entendre parler que de victoires. Les espions deviennent presque des personnages proustiens qui soignent leurs blessures à l'écart du monde, le regardant de loin, un peu désespérés. Une nonchalance, décrite avec soin, soucieuse des détails (la vie à Saigon avec des gens qui savent qu'ils vont mourir dès que l'ennemi s'approchera) et une intrigue centrée sur un personnage principal très intéressant. Une bonne surprise pour commencer l'année.

Citation

Je suis déjà désorienté, déconnecté des choses dont je crois qu'elles donnent du lest à la vie, mais d'une manière inédite, j'ai commencé à les envisager comme une cargaison, qui s'est détachée et pourra être balancée par-dessus bord lorsque la tempête frappera.

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 05 janvier 2024
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