Les meurtres collent à la culotte de Nero Wolfe. À l'occasion d'une de ses rares sorties en dehors de son appartement new-yorkais, le détective et son acolyte Archie Goodwin tombent en rade d'essence en rase campagne. Pendant que Wolfe pleure sur son sort et celui de ses orchidées qu'il transbahute vers un festival où il entend bien damer le pion à tous les ténors de la culture des monopodiales et autres sympodiales, Goodwin traverse un champ à l'opposé duquel des gens sympathiques lui font de grands gestes de la main. Sauf qu'un énorme taureau pointe à ce moment-là le bout de son museau (mouillé) et de ses cornes (aiguisées).
À partir de cet instant tout s'enchaîne. Wolfe et Goodwin sont invités à passer la nuit dans un ranch où ce taureau va servir de promotion publicitaire et de plat de résistance lors d'un barbecue géant ; un premier homme meurt encorné (mais Wolfe n'y croit pas) ; le taureau, Hickory César Grindon, subit les affres du charbon et sa carcasse est brûlée ; une femme fatale volatile et un peu mythomane sur les bords s'acharne à vouloir séduire Goodwin ; deux amoureux se bécotent en tenant un manche de fourche planté dans la cage thoracique d'un maître chanteur, et les forces de l'ordre sèment la pagaille et menacent Nero Wolfe.
Rien de tel qu'un énorme capharnaüm pour délivrer un bon roman d'énigme et d'aventure où les rebondissements foisonnent. Avec un brin de causticité qui suffit à laisser entrevoir l'esprit tordu d'un Rex Stout au sommet de sa gloire, L'Homme aux orchidées est un roman typique des années trente. Mais la façon dont le titre a été traduit demeure incompréhensible. They Buried Caesar… Une traduction littérale, ça aurait eu de la gueule. L'Homme aux orchidées en revanche peine à révéler les qualités de ce grand roman d'énigme aux frontières du western.