Mau, ancien flic, a entraîné son vieux pote Raja, magistrat à la retraite, dans une partie de pêche. Faute d'ablettes, ils ferrent un cadavre… Un cadavre dont la main est curieusement refermée sur un épi de blé. Mau diagnostique un meurtre. Mais pour les locaux (les gendarmes et le canard du coin), le noyé s'est noyé, point barre. C'est prendre Mau pour un idiot… Les deux compères enquêtent donc. D'autant qu'à la morgue, le cadavre livré par les pompiers n'est pas le bon. De fil en aiguille, nos deux acolytes finissent par lever une grosse affaire. Un vicomte (frelaté), un ricain (vrai de vrai), des bookmakers, d'anciens ministres, des préfets, des sénateurs et autres huiles, cul et chemise pour mener à terme leurs sordides embrouilles dont la Beauce est le théâtre. Une insulte au terroir ! Mau et Raja voient rouge et font le ménage… Sans ménagement.
Quelle galerie ! Quel couple que celui de ces deux retraités, Mau et Raja, veilleurs improbables de notre monde si moche. Braillards, paillards, il y a du Gabin dans ces deux-là, dans leur vadrouille exubérante de papys flingueurs. Du coup, la gouaille est à discrétion. Max Obione nous sert une langue truculente, qui de « pucier » à « ramenard », dévale à toute blinde le baragouin des gens de peu, la langue des bords de route du Tour de France, en marcel et pastaga. Une langue qui, à elle seule, vaut tous les lieux de mémoire et accomplit, pour notre régal, ce certain ton longuement mûri par le polar français. Un polar qui baguenaude en somme, jovial, picaresque, qui prend la clef des champs, s'enchampêtre si on osait, de bonnes odeurs espiègles et franches.