Hastings coule des jours (presque) heureux dans le manoir britannique de Mrs Inglethorp. Quand la bonne rend son tablier, elle le charge de veiller sur son ancienne maîtresse car les autres occupants lui veulent tous la peau à commencer par Alfred Inglethorp, son très jeune mari et qui, d'après les ragots, flirte sévèrement avec une belle jeune femme du voisinage. Lorsque Mrs Inglethorp meurt empoisonnée à la strychnine, cela ne surprend donc personne. Les docteurs refusent le permis d'inhumer. Scotland Yard en la personne de l'inspecteur Japp arrive peu après Hercule Poirot heureusement en villégiature dans le coin. Tous les soupçons se portent sur le mari d'autant que les preuves sont alors très accablantes. Pour Hercule Poirot, n'en déplaise à tous les acteurs de ce drame, le meurtrier n'est pas forcément celui que tout et tous condamnent.
La Mystérieuse affaire de Styles a été écrite en 1920 par Agatha Christie. C'est la première aventure d'Hercule Poirot, détective belge d'1 m 62 aux yeux verts et aux manières qui frisent l'obsession. Le lecteur apprend à faire fonctionner ses petites cellules grises. Il découvre un Hercule Poirot des fois calme, des fois gesticulant en tous sens, réfléchissant en alignant des objets sur le rebord d'une cheminée. C'est aussi l'apparition d'Hastings (lequel ne sera jamais soupçonné dans cette mystérieuse affaire par notre détective) et de l'inspecteur Japp. Ce roman est l'occasion pour Agatha Christie de faire étalage de la variété de ses intrigues. Tout y passe en effet : la solution la plus simple est la plus évidente. Encore faut-il pouvoir démontrer ce que l'on avance. Les preuves sont sous nos yeux mais par le fait même qu'elles sont sous nos yeux, elles nous aveuglent et passent inaperçues.
Après, Agatha Christie brosse un portrait à la strychnine d'une société anglaise faite de convenances où la politesse fait rage et l'envie des ravages. Le tout dans une réédition heureuse et espérée puisqu'en fac simile avec une couverture qui reprend l'illustration originale qu'avait fait Jean Bernard dans les années 1930.