Il y a l'humour noir. Il y a aussi le noir humoristique. Jean-Paul Nozière fait dans le polar mais il a dû beaucoup s'amuser en imaginant ce court roman. L'histoire : deux bras cassés « black » doivent prendre possession d'une voiture. Las, ils se trompent de cible et tombent sur plus bêtes et plus méchants qu'eux. Un curé tout aussi black que nos deux pieds nickelés devait prendre ses fonctions dans une paroisse à la population blanche. L'un d'eux va lui emprunter sa soutane et découvrir que les chemins du péché peuvent même se cacher dans le presbytère sous les traits d'une affriolante jeune femme… Le récit atteint à peine son quota de cent pages, le maximum syndical de la « Suite noire », mais c'est cent pages de nectar que nous réserve Jean-Paul Nozière. Sa farce est irrésistible. Le style est savoureux, bourré de trouvailles et de formules toutes plus drôles les unes que les autres. On pense à Chester Himes, à Robert Crumb, à Melvin Van Peebles… Et pour couronner le tout, ce texte s'accompagne d'un message antiraciste implacable.