CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 11
INFORMATIONS LIVRE
Édité chez
Collection :
Numéro collection : 18
ISBN : 978-2-84810-235-1
Nombre de pages : 48
Format : 23x30cm
Année de parution : 2009
Titre original : Five Little Pigs
Crédits
Dessinateur(s) :
Scénariste(s) :

Scénario inspiré de son œuvre: Agatha Christie, coloriste: David Charrier

Contexte
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8 / 10

Cinq petits cochons

Dessinateur :
Scénariste :

Jalousie, peinture et Poirot

Les éditions Emmanuel Proust ont entrepris de longue date l'adaptation en bande dessinée des romans d'Agatha Christie. Pour Cinq petits cochons, dix-huitième de la série, David Charrier au dessin et Miceal O'Griafa au scénario proposent une vision moderne d'un drame de 1943.

L'intrigue est classique et aborde les affres de la jalousie. Un peintre, sa femme, un modèle dont il tombe amoureux. L'histoire se déroule seize ans avant que la fille du couple ne vienne demander au célèbre Hercule Poirot de réhabiliter sa mère, qui s'est laissée conduire à la potence, accusée d'avoir empoisonné son mari. Tout les faits étaient contre elle à l'époque. Sa passivité et son acceptation du verdict ont conforté sa culpabilité. Mais Agatha Christie, comme une araignée, tisse alors une toile complexe. Cinq personnages évoluent autour du couple. Tous ont vu quelque chose, entendu quelque chose. Mais tous ont interprété ce qu'ils ont vu et entendu. Ils sont encore en vie. Alors Poirot méthodiquement s'acharne à remonter aux faits. Bien sûr, la femme est innocente. La personne coupable ne pourra être jugée car la loi anglaise est faite ainsi qu'un meurtre ne peut être jugé deux fois, mais la morale sera quand même sauve, et Poirot aura encore une fois justifié ses talents de fin limier.

Cinq petits cochons est à l'origine un roman de souvenirs. Les faits se sont déroulés seize ans auparavant, et tous les personnages vont devoir affronter leur mémoire pour mieux les reconstituer. Là où le cinéma à une époque pour montrer que l'on se trouvait dans un flashback usait du noir et blanc, David Charrier privilégie des planches monochromes sépia. Il s'arrête longuement sur les yeux de ses personnages (on ressent chez lui une profonde fascination pour les yeux, le regard : les plans sont nombreux dans cette bande dessinée à cadrer étroitement le visage). Nous éloigne de cette vision que l'on a de personnages anciens, à l'étroit dans leurs vêtements. Les femmes sont fines et élancées, leurs robes dignes des femmes fatales américaines de Dashiell Hammett et Raymond Chandler. Mais étrangement il se trahit lui-même. Inconsciemment, il nous dévoile le coupable sous son trait habile mais sur ce coup subjectif. Cela ne l'empêche pas de parfaitement coller au scénario de Miceal O'Griafa, de nous assurer dès le début que l'on ne se retrouvera pas dans une enquête à la Sherlock Holmes, et se conclue à la Agatha Christie dans un ultime rebondissement.
Bel hommage !

Article initialement paru le 26 juin 2011
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
Les traces de pas, mégots, brins d'herbe, sont définitivement perdus. Mais vous, Mr Poirot, c'est bien l'élément psychologique qui vous intéresse, non ?
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