CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 15
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Collection :
ISBN : 978-2-8241-0322-8
Nombre de pages : 156
Format : 14x22cm
Année de parution : 2013
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CHRONIQUES > LIVRES >
6 / 10

L’Or est un poison

Série :

Pitié pour les riches !

Ploutarcos. Sa silhouette dégingandée. Une énigme que cet homme tirant partout derrière lui son âne et confiant à l'oreille du commissaire que les enfants Stratigis vont être assassinés. C'est la vieille Elefthéria qui le lui a dit. La sorcière. Elle les a vus en rêve se faire tuer, ces enfants de riches. Le commissaire n'y croit guère, mais quelques minutes plus tard son adjoint l'appelle : les deux enfants Stratigis ont été découverts chez eux, assassinés. Gorges tranchées au couteau. Un couteau d'argent. Lors d'une fête donnée par leurs parents, surveillée par plus de gardes du corps que l'on ne comptait d'invités. Quelqu'un de l'entourage ? Car qui oserait s'attaquer à l'un des hommes les plus riches de la Grèce ? Jason Stratigis, le général, l'homme glorieux, au bord de la faillite pourtant. Un vieil homme déjà, sur le retour, époux d'une étrangère, convoité par la jeune et riche Glaucé, plus riche encore que lui mais à qui il manque la notoriété. Glaucé tellement sûre d'elle, effrontée, impudente, buvant à longueur de journée des décoctions d'or. Elle veut forcer Jason à divorcer. Pour l'épouser. Alors la femme de Jason, leurs enfants, tout cela est de trop. De trop pour tout le monde même, ces deux enfants métis, y compris pour leur mère, mystérieuse, monstrueuse, escaladant la ville pour se jeter à corps perdu dans des dévotions d'un autre monde, des libations funestes auxquelles participent les femmes abandonnées de Grèce, ces veuves noires acculées à mourir lentement, vengeresses aux ongles de pythies, hurlant la nuit leur désespoir. Est-ce cette femme qui a tué ses propres enfants, entraînant le commissaire dans quelque initiation barbare dans le dédale des souterrains cachés tout près de la villa de Sratigis ?
Quel étrange roman au final, empruntant bien sûr volontiers à la mythologie sa fureur, mais construit en apartés dans un univers de refus feutré. Tout en sous-entendus rebondissant en soliloques déchirés, le récit troué des voix d'un chœur donnant à entendre tout le drame qui se joue là dans cette société hypocrite, occupée que d'elle-même. Partout suintent les confidences, partout l'on semble conspirer. Le monde des riches, dans son naufrage équivoque, désertant le berceau des deux enfants assassinés qui n'auront compté pour rien car « sans race », métis qui ne pouvaient prétendre à occuper une quelconque place dans cette société des riches.

Article initialement paru le 25 juin 2013
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
Parfois, quand il fait beau, j'entends monter les riches.
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