CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 20
INFORMATIONS LIVRE
ISBN : 978-2-919176-24-3
Nombre de pages : 366
Format : 13x20cm
Année de parution : 2013
Crédits
Contexte
Pays :
CHRONIQUES > LIVRES >
8 / 10

Il n’y a pas de sparadraps pour les blessures du cœur

Petit traité de manipulation à l'usage des jeunes auteurs

Il n'y a pas de sparadrap pour les blessures de cœur et il n'y a pas de bouclier contre les débiles dangereux et grotesques. Et nul doute que François, personnage principal et narrateur du roman, est un magnifique débile, à classer au sommet de la pyramide des connards géniaux. Et ça se mérite. Pas facile de brosser avec autant d'élégance le portrait de François. Ancien copiste, vaguement écrivain, vaguement punk, vaguement polonais de cœur et authentiquement manipulateur et violent, il réussit le tour de force d'être à la fois terre à terre et rêveur. Vivant en dehors de la réalité, d'amour et de bières, il exploite tous ceux qui l'entourent, n'a ni scrupule ni remord et attendrait presque que ses victimes le remercient tant il lui paraît évident d'être entretenu. Ainsi quand une vieille voisine l'héberge gratuitement, il finit par s'étonner qu'elle refuse de le rémunérer pour sa présence (accompagnée il est vrai d'une activité sexuelle frénétique).

François n'a pas de limite et finit par croire à ses propres histoires étant prêt à tout pour parvenir à ses fins : créer une association de malfaiteurs avec des jumelles de douze ans, voler le goûter d'enfants dans un square, détrousser des clochards, faire croire à une jeune femme que ses enfants sont morts pour pouvoir s'installer chez elle, s'acoquiner avec des punks polonais, attaquer un éléphant à la tronçonneuse et j'en passe. Jusqu'à ce que l'amour s'en mêle. Mais n'ayez crainte, un débile dangereux amoureux reste un débile dangereux, surtout lorsque son amour se heurte à une fin de non recevoir. Mais le doute étant une notion totalement absente de l'esprit de François, il insiste, se livre à une filature et entraîne ses amis dans sa folie héroïque.

Oui, parce qu'il y a de l'héroïsme chez ce personnage, un sens inné de l'épique et de l'aventure. Et l'auteur (prénommé François, on espère qu'il ne s'est pas livré là à une autobiographie, quoi que… « le malheur d'autrui fait toujours chaud au cœur ») livre ici un roman spectaculaire. Sa force : un humour incroyable jouant notamment sur le décalage entre un style très soigné, par moment à la limite du désuet, et une intrigue qui va toujours plus loin dans l'outrance et l'absurde. François (l'auteur ou le narrateur, peu importe) parvient à élever manipulation et mauvaise foi au rang d'œuvre d'art. Une œuvre dont on excuse les quelques rares défauts tant elle est bourrée de qualités.

Article initialement paru le 26 janvier 2014
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
L'humanité aura fait un pas de géant quand on aura dépénalisé le meurtre.
CONTINUEZ VOTRE LECTURE..