Laura et Kit sont des chasseurs d'éclipse, capables d'aller au bout du monde pour assister à ce phénomène naturel. C'est ainsi qu'en 1999, au cours d'un de leurs voyages, ils ont assisté à un viol, celui de Beth par Jamie Balcombe. Au procès, Laura a commis un pieu mensonge en prétendant avoir entendu la victime repousser l'accusé, témoignage qui a envoyé ce dernier en prison. Or Balcombe n'a jamais renoncé à faire proclamer son innocence. De nos jours, alors que Laura est enceinte, Kit repart pour les îles Féroé assister à une éclipse. Depuis le procès, les deux époux se cachent de Beth, ayant changé de nom et restant absent des réseaux sociaux. Il suffira d'une photo prise sur le bateau pour que Kit redoute de voir ressurgir Beth, irrésistiblement attirée par le couple. Pourquoi en ont-ils tellement peur ? Au même moment, Jamie Balcombe refait une fois de plus surface dans leur vie. Pourtant, justice a été rendue au prix d'un mensonge… Même si Laura commence à avoir des doutes. A-t-elle vraiment vu ce qu'elle croit avoir vu quinze ans plus tôt dans un lieu nommé Lizard Point ? Beth est-elle vraiment une victime ?
Par omission, de la Britannique Erin Kelly est un nouvel avatar du suspense domestique, où un élément perturbateur menace la vie bien rangée d'un jeune couple de la classe moyenne ou aisée, avec ici une femme enceinte en prime. Les derniers best-sellers sont passés par là, notamment La Fille du train, de Paula Hawkins, pas si éloigné dans l'esprit, si bien que le tout prend la forme d'un roman choral qui balance entre deux époques et deux narrateurs (elle et lui, d'où le titre original). Et, bien sûr, politiquement correct oblige, le connaisseur tentera de deviner à l'avance par quel artifice ce cher mari sera forcément responsable de tout et du reste comme le sont tous ces gens-là. (Apparemment, le parjure est admis du moment que c'est pour la bonne cause.) De plus, éternel problème lorsque l'on choisit un narrateur, la résolution de cette histoire assez réduite relève de la rétention d'informations… Le tout est plutôt bien mené, mais soufre de l'éternel syndrome du besoin de noircir des pages : si on se contentait d'en venir à l'essentiel, le roman ne serait guère plus gros qu'une « Série noire » de la grande époque, et n'en serait que bien plus intéressant. Il n'y a dans ce roman rien de déshonorant. Il s'agit juste d'un thriller industriel aux chromes un peu rouillés qui peut procurer un moment de détente.