CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 22,00 €
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ISBN : 978-2-8098-5192-2
Nombre de pages : 400
Format : 23 X 15 CM
Année de parution : 2023
Titre original : The Island
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3 / 10

Le Lagon

Après le succès de La Croisière, Catherine Cooper persévère avec Le Lagon. Empruntant un structure et une tonalité désuètes, l'auteure semble se complaire à parodier une vieille littérature sans son acidité. Elle ne traite des turpitudes d'une classe aisée qu'en surface, et évite de plonger dans ce qui aurait pu donner du charme à cette intrigue convenue.

Propriétaires du groupe immobilier Henphelia, Henry et sa sœur jumelle Ophelia Cadwallader invitent tout ce qui compte de plus inutile afin de faire un coup publicitaire pour leur nouveau complexe « éthique » aux Maldives, l’hôtel Ketanegan, une construction sur pilotis : sont de la partie influenceurs, journalistes de voyage… Bibliothécaire et simple influenceuse, Malia est enchantée d’en être. Au menu : plats gastronomiques, plongée sous-marine, mets de luxe, scooter des mers… Mais les hôtes se retrouvent vite piégés sur place, et le corps de l’influenceur et importateur de vin Rob Hall est retrouvé flottant dans la mer. Et il ne sera que le premier. S’agit-il de meurtres ? Quel est le mobile ? Tout ceci a peut-être un rapport avec un grand raout trente ans plus tôt tenu par Alexander Chadwick au nom de sa grande école, et qui se tenait dans la demeure historique de Tentingdon Hall. Une soirée où se mêlaient vieilles familles et gens du commun, mais où il ne circulait pas que de l’alcool. Une soirée à laquelle Henry et Ophelia participaient, et qui s’était conclu en tragédie…

La Croisière de Catherine Cooper était passable. L’auteure semble se spécialiser dans les destinations de rêve ou de cauchemar. Ce roman continue dans la même veine à coup de grandes descriptions de tout ce qu’il y a de plus bling-bling et vulgaire avec une délectation évidente, comme dans la plus fat des téléréalités à image clinquante. Le tout se veut une célébration des années 1990 dans sa déclaration d’intention (bientôt, en octobre 2026, on nous vendra la nostalgie de septembre 2026…), même si celles-ci se limitent à une interminable soirée, mais lorgne plutôt sur les années 1970 et sa description des turpitudes d’une classe aisée d’après-guerre… mâtinée des années 1930 et de clichés pour roman à énigme : on a droit aux empoisonnements et même au véhicule saboté dans ce qui pourrait s’appeler Meurtre au soleil. C’est là qu’est l’ambivalence : ces récits des années 1960-1970 (de Chabrol au giallo) se voulaient généralement critiques des turpitudes de ces riches oisifs, quitte à tomber dans le moralisme. Là, on est majoritairement sur le point de vue de Mila, une de ces « héroïnes » actuelles nunuches semblant sorties d’un vieux Had-I-but-known poussiéreux qui semble fascinée par tout ce luxe (à peine tique-t-elle lorsqu’elle s’aperçoit qu’on l’a espionnée pour découvrir son petit déjeuner préféré… Et d’ailleurs, on se demande pourquoi elle a été invitée, elle qui n’est guère, hem, influente) et d’autres narrateurs ou narratrices tout aussi inintéressants qui semblent regretter ces morts violentes uniquement parce qu’elles gâchent la fête. Autant dire qu’il n’y a pas un seul personnage sympathique ou un tant soit peu développé, conformément à la vacuité de ces pseudo-reality shows. Catherine Cooper aurait-elle ménagé la chèvre et le chou en parodiant mais pas trop pour ne pas perdre ses lecteurs ? Où est-ce déjà trop lire dans un thriller-Netflix très prévisible qui, comme dans les années 1930, se termine par un gros pavé d’explications détaillant ce que tout lecteur avisé sentait venir ? Les habitués du bling-bling télévisuel seront en terrain connu, et on imagine que ça se vendra. Les vrais amateurs du genre chercheront la fraîcheur ailleurs…

Publié le 11 juillet 2025
Mis à jour le 11 juillet 2025
Si seulement cette soirée n’avait pas eu lieu au beau milieu de nulle part. Si seulement nous n’étions pas coincés ici jusqu’à 1 heure du matin et le retour en car. Si seulement j’avais obéi à maman. Si seulement.
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