Maud a vingt-cinq ans. Elletente de vivre le plus normalement possible mais un lourd passif la hante. La seule personne avec laquelle elle a encore des relations, c’est sa mère. Mais c’est peut-être justement ce qui cause problème, lui conseille son psychiatre. Ce qu’il faudrait c’est qu’elle prenne de la distance. Une grande décision est prise : ne pas prendre contact, même téléphoniquement, durant une semaine. Pourtant, au bout de quatre jours, la mère téléphone et annonce quelque chose à propos de tuer quelqu’un. Puis Maud, n’arrivant plus à joindre sa mère, tergiverse avant de se rendre chez elle, elle qui vit une grosse maison au milieu de nulle part. Sur place, elle découvre une maison en plein désordre. Un capharnaüm qui montre que la mère souffre, entre autres, du syndrome de Diogène. Mais, surtout, la mère est allongée, victime (peut-être) d’une crise cardiaque. Toujours est-il qu’elle est embarquée et que Maud va rester dans la maison qu’elle n’a plus l’air de bien connaitre (il faut dire que schizophrène, Maud a été enfermée chez elle ou dans des pensionnats depuis de longues années, et qu’elle ne voyait sa mère qu’à l’extérieur). Maud décide de tout fouiller, va faire d’étranges découvertes – en particulier un carnet intime et des photos où apparait celui qui doit être son père, un homme qu’elle n’a pas connu). Ces découvertes vont lui permettre de remettre beaucoup d’éléments en cause.
Le récit se concentre sur le personnage de Maud. Chrystel Duchamp a beaucoup travaillé sur les personnages atteints de schizophrénie (ici doublé par une étude psychiatrique de la mère, particulièrement frappadingue, pour le dire sommairement). Il en ressort que le roman est vraiment un focus sur Maud, où chaque avancée ouvre de nouvelles pistes en ne développant que peu d’actions mais pointant sans cesse des déformations autour des maladies mentales, des traumatismes. Tout le suspense nait aussi de ces pensées vagabondes, de ces détails qui, peu à peu, prennent du sens ou entraînent le lecteur vers de fausses pistes (celles autour du père et de son supposé départ par exemple). Suspense qui ne s’arrête pas y compris dans ses dernières pages au final ouvert. Les amateurs de psychologie, y compris déviantes, seront captivés par ce roman qui est une vraie plongée dans un esprit, avec ses failles. Ceux qui attendent des coups de feu et de l’action sans cesse seront un peu plus surpris. Mais il est impossible de plaire à tout le monde.
