Corto, neuf ans, vit sur à Belle-Île-en-Mer, une île rocheuse du golf de Gascogne. Ses parents travaillent tous deux à la capitainerie du port. Le mercredi, plutôt que d’aller au centre de loisirs, il retrouve son papy de quatre-vingts ans. Mais celui-ci veut qu’on l’appelle Mitch. Alors Corto l’appelle Mitch. Et Mitch a accueilli la chienne Frimousse qui a le même âge que Corto. Mitch, c’est un puits d’histoire. Il a fait les 400 coups et trois fois le tour du monde en navire. Corto, lui, aime ces mercredis après-midi surtout qu’à l’école tout ne se passe pas comme sur des roulettes. Corto est différent des autres. Surtout, il a du mal à se faire des amis, leur préférant un dictionnaire dans lequel il puise des mots savants qu’il réutilise toujours à bon escient. Seulement, ce mercredi, quand il arrive à la porte de Mitch : personne pour l’accueillir. Puis vient l’heure des non-dits. Car Mitch finit par débouler, mais sans Frimousse. Ni Mitch, ni les parents de Corto ne mettent un mot sur cette disparition, et Corto se morfond. Jusqu’au jour où il faut bien admettre que Frimousse a disparu. Quelques affiches placardées, quelques messages sur Internet. Rien, jusqu’à ce qu’un message presque illisible arrive sur le portable de la maman de Corto. Un message d’Habib, adolescent qui a fuit la guerre pour débarquer à Lille et qui a, dit-il, croisé Frimousse. L’impensable ressurgit, mais l’impensable à un prix : faire venir Habib et Frimousse sur l’île sans aucune certitude…
Olivia Elkaim se base sur une histoire vraie pour dérouler une jolie intrigue insulaire avec un personnage en construction qui voit un pan de son monde menacé de s’écrouler. L’auteure s’appuie également sur les nombreuses illustrations – souvent pleine-page – de Baptiste Puaud. Des illustrations colorées à hauteur d’une jeune lecteur de sept ans. Il y a de jolies envolées avec la description de l’île. Surtout Olivia Elkaim sait se mettre à la place d’un enfant solitaire de sept ans qui vit plus ou moins bien sa vie. Pour qui son grand-père est une figure tutélaire et qui va trouver un grand frère de substitution qui va l’amener aussi à vivre sa vie avec des gamins de (presque) son âge, élément nécessaire à son équilibre. Petit roman à suspense, Frimousse a disparu nous parle à la fois d’émancipation et de retour à la normalité. Et puis il y a un combat pour le droit d’Habib a obtenir un statut de réfugié politique, qui ne peut qu’interpeler. Une histoire de disparition et d’apparition emplie d’humanisme.