Arthur, 12 ans, élève de 5e, vient de quitter Orléans en cours d’année scolaire pour débarquer à Paris. Sa maman vient de prendre de nouvelles fonctions au musée du Louvre. Ce qu’il ne sait pas, quand il franchit les portes du collège Jean-Baptiste Poquelin, c’est qu’il va se retrouver dans la même classe qu’Inès. Or le père d’Inès est actuellement emprisonné à la Santé pour le vol d’un tableau qu’il avait fait venir d’Amsterdam. La maman d’Arthur vient de reprendre et le travail du père d’Inès et son appartement de fonction. Mais à peine arrivé, qu’un matin à 7 heures, La Joconde est dérobée selon le même mode opératoire. Si la première rencontre entre les deux enfants dans la cantine du collège a été étincelante, ils vont s’allier et apprendre à se connaître pour tenter de débusquer le véritable coupable du cambriolage. Pour Arthur (comme Conan Doyle), les deux affaires sont liées. Ils vont remonter une piste délaissée par la police. Surtout, ils sont sûr que derrière cette sombre histoire se cache un certain Mollock, collectionneur d’art et mécène du musée. Dans les arcanes du musée, un vieux restaurateur d’art leur parle alors d’un vol similaire perpétré le 21 août 1911 par Vincenzo Perrugia. Et quand ils découvrent que l’entreprise de sécurité qui s’occupait de La Joconde est dirigée par un autre Perrugia, le doute n’est plus permis. Il faut agir vite avant que le célèbre tableau ne prenne la route de Florence…
Avec La Joconde a disparu, Elisa Villebrun propose un petit roman fin et intelligent (avec des illustrations en noir et blanc de Laure Ngo qui amènent leur lot de légèreté). Fin parce qu’il nous offre deux portraits de jeunes adolescents dans la tourmente (Arthur a vu ses parents divorcer, et en arrivant à Paris se rapproche de son père ; en même temps, il doit affronter une nouvelle classe en cours d’année, ce qui le stresse ; Inès subit les quolibets de la Terre entière car son père est accusé d’un crime et elle doit en payer le prix ; dans le même temps, tout son univers s’est écroulé et son propre père refuse de la voir alors qu’elle n’a déjà plus de mère). Dit comme ça, ça sonne creux, mais l’auteure arrive justement à bien décrypter et rendre les sentiments des deux adolescents. Et pour faire passer un peu la pilule, elle les épaule pour le premier d’un chat (un maine coon) et pour la seconde d’un chien (un basset), qui vont être de sacrés renforts au cours de cette enquête même s’ils sont comme… chiens et chats. Après, le moment fabuleux du récit c’est quand les deux enfants traversent en tous sens le Louvre. Inès en habituée des lieux connait toutes les salles, tous les raccourcis, tout le personnel (dont Aya, qui va être injustement accusée du vol de La Joconde). C’est un délice de la suivre dans ce dédale monumental. Enfin, l’intrigue est joliment ficelée avec quelques parallèles historiques auxquels l’auteur ajoute de la modernité et du rythme, et qui se termine à bord d’un train qui fonce à toute vitesse vers sa destination. Au final, une bien jolie aventure qui en appelle au moins une autre, car les deux enquêteurs n’ont résolu qu’une partie de l’affaire !