Le sergent Washington Poe est en train de régler au tribunal une affaire concernant son cher manoir avec l’aide de son assistante Tilly Bradshaw lorsque tous deux sont interceptés par des hommes qui refusent de donner leur affiliation. Ils comprennent vite qu’il s’agit du MI5, les services secrets britanniques, qui a sur les bras une affaire gênante : Christopher Bierman, un citoyen britannique résidant aux États-Unis, dirigeait une compagnie chargée de transports en hélicoptère jusqu’au sommet du commerce international devant se dérouler en Cambrie, à Scarness Hall. Seul bémol : ledit Bierman a été tué à coups de batte de base-ball dans un « salon de massage » – ou plutôt un bordel provisoire de Carlisle. Il s’avère vite qu’il ne s’agit pas d’une dispute avec un maquereau, mais d’un meurtre. Pourquoi alors s’adresser à Poe et Tilly, qui traquent des tueurs en série, pour ce crime sordide ? Sur le lieu du crime, Poe découvre que l’un des bibelots sur la cheminée a disparu, une figurine sans valeur qui, d’après la femme de chambre, est liée à « La Montagne de cristal », un conte de fées polonais. De plus, le « salon de massage » était fermé depuis deux jours lorsque le corps a été découvert. Mais comment la victime pouvait-elle connaître son existence ? Et comment cette figurine peut-elle être liée à un braquage commis des années plus tôt, braquage qui s’est soldé par un meurtre sous l’œil des caméras de sécurité… mais où les coupables n’ont rien volé ? Ou faut-il chercher du côté de la guerre en Afghanistan où Bierman a piloté un hélicoptère de l’armée ?
Dans le morne paysage du genre en Anglo-Saxonie, voué au thrillers-Netflix débilitants, l’arrivée de M. W. Craven a fait figure de bonne surprise : si son protagoniste et son binôme n’ont rien de particulièrement remarquable, ses intrigues sont solides (si on excepte quelques invraisemblances) et plutôt originales. Cette fois, l’intrigue en question s’avère extrêmement complexe et ambitieuse, couvrant de nombreux événements et personnages avec un détour vers la guerre en Afghanistan et ses conséquences, l’action progressant majoritairement en dialogues sans céder au syndrome du scénario de film prémâché. On pourrait même la dire embrouillée si tout n’était pas résolu de façon convaincante (à l’exception d’une légère invraisemblance, mais la dévoiler serait déflorer). Le tout a dérouté certains lecteurs préférant les récits plus simples ou les histoires exclusivement criminelles — auxquelles appartient The Botanist, le prochain volume de la série déjà paru, promettant un nouveau génie du crime insaisissable —, mais on ne peut que louer l’auteur de ne pas rester dans sa zone de confort. Lorsque l’on prend des risques, on court celui de s’aliéner certains lecteurs…