Nous sommes en 1907, sous la présidence d’Armand Fallières, un président opposé à la peine de mort, qui gracie toujours les condamnés à la peine capitale, ce qui lui vaut l’inimitié de la population. D’ailleurs, une réforme judiciaire prévoyant l’abolition de la peine de mort est en cours et suscite déjà des débats. À Paris, en ce début du XXe siècle, Marthe, douze ans, fille benjamine d’un jeune couple, s’apprête pour aller à un spectacle au Ba-Ta-Clan. Des amis de la famille viennent en effet de gagner deux billets. Le père de Marthe est alité suite à un accident de travail. Sa mère et son amie doivent absolument aller travailler. Aussi, c’est Albert, le mari de l’amie, qui se chargera d’emmener la petite Marthe au spectacle. Ils s’y rendent, mais Marthe doit s’absenter de la salle pour aller aux toilettes. Elle ne reviendra pas et malgré les recherches d’Albert, il faudra se rendre à l’évidence : la petite Marthe a disparu. Le commissaire Georges Hacquart commence son enquête, mais la presse s’empare du fait divers tragique et en profite pour mettre la pression. Le commissaire a bien un doute sur le témoignage d’Albert mais il ne peut pas éclaircir ses doutes. Quand on découvre le cadavre de la petite fille dans une malle, les tensions s’exacerbent.
S’inspirant d’un fait divers réel, Pierre-Étienne Musson nous offre une intrigue qui sait à la fois ménager le suspense et décrire la période. On voit avec attention la vie parisienne du début du siècle, les quartiers populaires autant que les parcours de gens plus riches (il y a entre autres le portrait d’un banquier qui se détache en quelques pages saisissantes), et un rappel de la violence sociale et des apaches qui sévissent dans certains arrondissements de la Capitale. La Disparue du boulevard Voltaire est un récit très classique mais qui, raconté avec soin, offre un instantané détaillé d’une période cruciale : celle de la tentative d’abolition de la peine de mort par Armand Fallières. Un fait divers, une enquête qui piétine et des journaux à sensation qui s’emparent du drame pour orienter l’opinion publique la reporteront sine die. Il faudra attendre le 9 octobre 1981 pour que son abolition, portée par le ministre de la Justice de l’époque Robert Badinter, soit annoncée. Un roman plus historique que policier, mais qui reconstitue avec force une histoire vraie, de manière intelligente.