1963. George Smiley a quitté les services secrets et vit tranquillement avec sa femme. Mais un événement va compliquer les choses : à Londres, chez un éditeur d’origine hongroise, un tueur arrive. Devant la femme de ménage, il se dégonfle et annonce non seulement qu’il est venu le tuer, lui, mais qu’il préfère déserter et passer à l’Ouest. Control, l’ancien patron de Smiley, demande à ce dernier de revenir afin de traiter cette affaire car il est sûrement le meilleur pour s’en occuper. Problème : l’éditeur en question a fui quelques heures avant que le tueur n’arrive. Pourquoi ? Il faut fouiller dans son passé et comprendre pourquoi il était menacé et pourquoi il s’est enfui. Smiley accepte la mission et comprend que derrière cette histoire il y a sans doute Karla, le mystérieux chef des services secrets soviétiques. Mais est-ce lui qui cherche à liquider des gens (et pour quelle raison ?) ou bien n’est-ce qu’une manipulation pour faire entrer le tueur comme agent double ?
Nick Harkaway est le fils de John Le Carré. Il se sert ici d’un « manque » dans les histoires inventées par son père. En effet, il y a quelques années qui ont disparu dans la « biographie » de l’espion George Smiley, et notamment celles qui se situent après une mission où deux espions anglais – Alec Leamas et Liz Gold – ont trouvé la mort et provoqué par contrecoup la mise en retrait de l’agent. S’installant dans ce vide, l’auteur essaie donc de le combler en proposant une histoire qui pourrait s’y insérer. Il se glisse avec facilité dans les personnages, dans leurs motivations et surtout dans le style de son père, en instillant le doute, en restant dans différentes teintes de gris : les agents de Le Carré ne sont pas des James Bond tirant à tout va ou faisant tomber les filles, mais des êtres humains complexes cherchant à décrypter le monde dans lequel ils vivent. Nick Harkaway signe donc là un récit dans la lignée de son père, avec force et intelligence, se coulant dans le moule, pour offrir un récit de qualité et prenant.