Arthur « Cody » Jarett et Ma Jarett dirigent d'une main de fer leur gang de braqueurs qui n'hésitent pas à assassiner pour s'en sortir sans témoin. Au moment où débute le film de Raoul Walsh, ils braquent un train et son fourgon postal pour une valeur de quatre cent mille dollars. L'un des conducteurs est abattu pendant qu'un membre du gang s'écroule au sol sous l'attaque involontaire de la vapeur qui s'échappe de la locomotive. Le malheureux, brûlé à vif, est emmené dans le repaire où il est sommairement mais insuffisamment soigné. Dans ce repaire dort Verna, la petite amie effrayée de Cody. Il faut dire que ce diable de James Cagney interprète à merveille un tueur psychopathe manipulé par sa mère, en l'occurrence Margaret Wycherly, excellente comédienne issue du théâtre. Pendant ce temps, l'étau se resserre autour de Cody alors il décide de se laisser inculper pour un délit mineur afin d'échapper à la chaise électrique. Un scénario classique dirigé magistralement par Raoul Walsh qui sait quand lâcher la bride de James Cagney. Le film propose une des plus belles scènes de filature en voiture sous le regard insistant et stoïque de Ma Jarett, il enchaîne avec l'infiltration sous couverture d'un membre des forces de la polce qui se fait inculper puis placer dans la même cellule que Cody afin de gagner sa confiance et de connaître l'identité de son fourgue. L'atmosphère carcérale est oppressante. Cody, qui souffre de migraines ou qui est épileptique, subit une crise dans le réfectoire qui tétanise les prisonniers (les comédiens n'étaient pas au courant de ce qui allait arriver). La confiance gagnée, une évasion est programmée. Puis c'est le retour dans la bande, la reprise en main d'un gang dans lequel ne figure plus Ma Jarett, assassinée dans le dos par un homme amoureux fou de Verna. Qu'importe ce que ressent Verna, elle est reconquise avec vengeance. C'est alors le moment de commettre un autre casse retentissant. Bien entendu, avec une taupe dans l'équipe le projet avortera avec élimination successive des équipiers de Cody, qui finit esseulé dans les hauteurs d'une usine, totalement hypnotique et possédé hurlant « Maman, je suis en haut ». Sans aucun doute, l'une des plus brillantes adaptations de James Cagney, qui réinvente un rôle et porte sur ses épaules un film bien maîtrisé par Raoul Walsh, qui multiplie les canons du genre avec maestria et qui impose au genre du film de gangster des touches de thriller novatrices pour l'époque.
L'Enfer est à lui (114 min.) : réalisé par Raoul Walsh sur un scénario de Ivan Goff et Ben Roberts, d'après une histoire de Virginia Kellogg. Avec : James Cagney, Virginia Mayo, Edmond O'Brien, Margaret Wycherly, Steve Cochran, John Archer, Wally Cassell…
