La Saison des massacres

Derrière ce matin sicilien, il y avait quatorze mois d'enquête, de paperasses, de rencards, de filoches, de planques, des wagons de rapports, requises, écoutes, photos, des condés au bord du divorce, des bergères qui maudissaient le métier de leur mari, des soupes à la grimace dans les ménages poulagas, des fêtes de famille plombées, des morpions qu'on n'a pas vu grandir.
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Roman - Noir

La Saison des massacres

Social - Géopolitique MAJ jeudi 15 janvier 2009

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19 €

Giancarlo De Cataldo
Nelle mani giuste - 2007
Traduit de l'italien par Serge Quadruppani
Paris : Métailié, septembre 2006
298 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-86424-663-3
Coll. "Noir"

Chronique

J'ai entendu dire à la radio que les romans de De Catalado allaient bien au-delà du roman policier. C'est dire la qualité de cet auteur qui n'est pas bêtement un auteur de polar (on va dire "polar" pour aller vite). Lecteurs de ce site, sachez que vous lisez un genre littéraire qui ne va jamais au-delà de lui-même…
La Saison des massacres commence là où Romanzo criminale se terminait, à savoir en 1992 lors des retrouvailles de Scialoja avec l'inaccessible Patrizia, ancienne prostituée, dont il a été amoureux, ou pour être plus précis, qui l'a toujours fasciné.
1992 en Italie : Andreotti a déjà reconnu l'existence de Gladio, l'opération Mains propres a déjà commencé ; c'est l'année de l'assassinat de Salvo Lima, ceux des juges antimafia Falcone et Borsellino ; Forza Italia se prépare à exister ; Toto Riina, grand chef de Cosa Nostra, va être arrêté ; et s'organise une série d'attentats pour 1993, particulièrement violents, à Florence, Rome et Milan.
C'est dans ce contexte que le commissaire Scialoja remplace le Vieux à la tête de la structure secrète qu'il dirigeait. Moins idéaliste que par le passé, Scialoja pense qu'il faut dealer avec la mafia pour que le massacre cesse.
Plusieurs histoires se croisent ici et chacune est comme un pan de l'histoire italienne : celle de Maya et son mari Illio qui a cédé à la tentation des pots-de-vin à la mafia ; celle de Stalin Rossetti qui nourrit à un ressentiment farouche à l'égard de Scialoja car il pense que c'est à lui que revenait la place du vieux ; celle d'Angelino Lo Mastro qui veut s'affranchir des vieux boss mafieux ; et celles de deux hommes politiques, Argenti, un ancien communiste assez intègre et Carú qui a navigué dans différentes eaux politiques et qui, quand il apprend que Berlusconi est en train de fonder un nouveau parti, comprend que l'avenir est là.
Assez différent de Romanzo criminale, La Saison des massacres est encore plus elliptique, ne perd pas son temps à nous expliquer les choses, elles ne sont claires pour personne, va à toute allure, va droit dans le mur comme les personnages. Plus tragique aussi, car contrairement à son précédent livre, l'auteur a créé quelques personnages, si ce n'est sympathiques, pour lesquels on peut toutefois éprouver une certaine compassion. Les voyous de Romanzo criminale choisissaient leur vie, et leur amour sans pitié du pouvoir et de l'argent nous rendait sans pitié pour eux ; ici c'est un engrenage haletant qui choisit pour certaines, car ce sont en général des femmes. Qui n'ont pas choisi et qui essaient pourtant de lutter un peu contre la marche des choses."


On en parle : La Tête en noir n°134

Citation

Se pouvait-il qu'il existât encore des Italiens encore dévoués à un sens de l'État que l'État le premier jugerait contre-productif ?

Rédacteur: Marie-Caroline Saussier dimanche 02 novembre 2008
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