Contenu
Deux mille kilomètres avec une balle dans le cœur
Poche
Inédit
Tout public
378 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7024-3512-0
Coll. "Masque jaune", 2530
Cupidon et son revolver
Daniel Ferrey vivote : il examine les courses de chevaux et joue sur des combinaisons qui ne peuvent que gagner. Avec une bonne mise de fonds ce sont des petits gains qui s'additionnent et surtout il fait plaisir à son beau-frère qui collectionne les tickets gagnants ! Mais un jour, alors qu'il attend le bus, une voiture passe et un tueur à gage lui tire dessus. Dans son agonie, il croit voir une jeune femme qui lui parle et ainsi l'empêche de mourir.
Sorti d'affaire, depuis l'hôpital, il veut retrouver sa bienfaitrice. Peut-être a-t-il rêvé et était-ce la femme de l'affiche publicitaire. Ce n'est pas une excuse !
Le narrateur, Daniel Ferrey, est d'une naïveté confondante car le lecteur a tout de suite compris dans quelle magouille l'avait entrainé le compatissant beau-frère mais, même si l'intrigue est intelligente et bien menée, se révélant surtout par des creux que l'amateur du genre sait compléter facilement, elle est surtout le prétexte à une description des états amoureux : perdu dans les brumes de sa blessure, le narrateur n'a repéré que les beaux yeux de la belle mais il s'acharne à la rechercher. Il va rencontrer deux femmes dans la suite de ses aventures, deux femmes prêtes à vivre une passion amoureuse avec lui.
La première permet une belle évocation à la Albert Cohen : que restera-t-il des amours lorsque la chair flétrira, lorsque le désir né de la beauté (elle est scandinave et mannequin !) s'estompera ? Et elle est prête à entrer dans la radicalité pour savoir jusqu'où Daniel la suivrait, car l'aime-t-il vraiment ? Mais cet amour passion est aussi comme le montrera la suite de l'histoire une série de malentendus et de grandes envolées qui cachent peut-être un vide absolu. La seconde est à elle seule un archétype du roman noir et même du roman social : la prostituée au grand cœur qu'il faut arracher des griffes de ses souteneurs. L'action est développée avec soin et le personnage montre là aussi qu'il est capable de se surpasser pour prouver son amour, quitte à trahir les siens sans aucun remords.
Sans entrer dans le détail de la fin, qui revient sur le début en une boucle réussie et prenante, c'est un monologue passionnant qui reprend la thématique centrale du livre, créant avec ce premier roman, (qui a obtenu le Prix du roman d'aventures 2010) une bonne carte de visite pour un auteur débutant qui sait construire des personnages attachants autour d'une intrigue solide, maniant une douce ironie bienvenue et sympathique, qui se permet de longs passages digressifs qui semblent ralentir l'intrigue (le passé de la prostituée, les petites magouilles annexes d'un adjoint de Daniel) alors qu'à l'inverse ils éclairent les parcours des personnages.
Récompenses :
Prix du roman d'aventures 2010
Citation
Tu sais, il y a une balle contre laquelle les médecins n'auront rien pu faire. Elle m'a touchée là, dès que je t'ai vue et je suis bien content de ne pas l'avoir évitée.