Sex shot

Moi j'ai surtout découvert un métier qui a la tête dans les étoiles et les pieds dans la boue. Tu es plongé dans la géopolitique, tu en es un acteur même, tu vois le dessous des cartes, tu observes la marche du monde et tu en comprends des bribes mais tu n'as que peu d'influence sur ce qui se passe.
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Roman - Noir

Sex shot

Disparition - Vengeance - Assassinat MAJ mercredi 05 janvier 2011

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 17,9 €

Michel Leydier
Saint-Malo : Pascal Galodé, novembre 2010
250 p. ; 21 x 15 cm
ISBN 978-2-35593-113-0
Coll. "Thriller"

Petite mort et grande souffrance

François, jeune homme seul qui a perdu sa sœur Zinette, happée dans les brumes parisiennes. Solitaire, il vit entre son métier et les sex-shops qu'il fréquente. Un jour, il parvient à convaincre un patron de boite de lui vendre une cassette très spéciale. C'est un snuff movie. Or entre toutes les horreurs qu'il découvre il y a, parmi les acteurs réels du film, sa propre sœur, Zinette ! Elle est sans aucun doute morte à présent... Il ne veut pas laisser passer cela.
Le roman est raconté de plusieurs points de vue : le réalisateur de snuff movie, le frère qui veut se venger, les policiers chargés de l'enquête autour de proxénètes morts et les dits proxénètes qui ne supportent pas de voir disparaitre leurs protégées pour d'obscurs films. Chaque point de vue est présenté avec ses propres angoisses et ses propres visions, ce qui enlève tout côté manichéen au livre. Même si, évidemment, ceux qui tournent autour du snuff movie ne sont pas montrés sous un jour favorable, au moins ils ne sont pas décrits comme des monstres froids, mais comme des individus qui sont à la recherche d'un peu plus de bonheur ou/et de sécurité matérielle.
Pour le reste, le roman est construit avec soin : les points de vue alternent et l'intrigue avance ainsi, à travers les lézardes et fissures, de plus en plus nombreuses qui menacent la petite entreprise criminelle, car il est bien évident qu'il est extrêmement difficile de cacher le secret sur des tournages de ce genre en plein Paris, en engageant des prostituées qui seront tuées avant la fin de la journée. Michel Leydier sait varier les registres, et il se permet même de l'humour dans les moments les plus pénibles de l'histoire. En effet, après avoir tourné le film, le réalisateur et les acteurs encore vivants partent en laissant le chantier. Deux hommes de main sont chargés de nettoyer et de ranger. Ils apparaissent comme les deux personnages centraux de Pulp fiction, des petits truands sans envergure qui font les choses nécessaires en râlant. Leur humour cynique annonce un final où se mêlera l'humour d'une situation un peu tordue et le tragique de la vie.
À travers ce qui n'est peut-être qu'un mythe urbain, l'auteur touche aux aspects du noir urbain les plus glauques. Sexe, prostitution, solitude, drogue, goût de la violence. Le tout dans des décors le plus souvent impersonnels : brasserie, toilettes publiques, immeubles squattés et voués à la démolition. Plus connu pour ses nouvelles acérées, Michel Leydier signe là un roman noir dans la grande tradition du genre : la rencontre d'individus aux destinées tragiques pris dans des événements qui les dépassent.

Citation

La jeune femme n'était pas belle. Elle n'était pas laide non plus [...] on se demandait plutôt si elle était toujours vivante.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 29 décembre 2010
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