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Préface de James Ellroy
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Natalie Beunat
Paris : Rivages, janvier 2011
300 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-2169-8
Coll. "Thriller"
Actualités
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- 12/01 Nécrologie: Joe Gores, ironie de l'histoire
Mardi 11 janvier était le cinquantième anniversaire de la mort de Dashiell Hammett. Et l'on ne se doutait pas que Joe Gores, auteur brillant de romans policiers, fanatique incontournable d'un des pères du roman noir hard boiled avait cassé sa pipe depuis à peine vingt-quatre heures. Les éditions Rivages venaient tout juste de publier Spade & Archer, le prequel du Faucon maltais (dans lequel apparaissent les deux détectives du roman de Hamett). Quelques années auparavant, Joe Gores nous avais régalé d'un Hammett, où il mettait en scène l'écrivain passé par la glorieuse agence Pinkerton. Si l'on était adepte du mauvais goût, on pourrait dire qu'à quelques heures près, Joe Gores a raté son coup : mourir le même jour que Dashiell Hammett. La légende aurait alors été au rendez-vous. Il s'est éteint dans un hôpital de la petite cité californienne de Marin County.
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Joe Gores revient sur la genèse de Sam Spade
Sam Spade est un des héros-culte de Dashiell Hamett. On connaissait déjà l'attirance de Joe Gores pour celui que l'on surnomme le grand Dash' avec ce roman, Hammett. Là, il nous revient avec le "prequel" du Faucon de Malte. Et plutôt avec talent, ce en quoi l'on s'empresse de rejoindre l'avis de James Ellroy écrit dans une préface plutôt, elle, transparente nonobstant cet éclair : "Chandler décrit l'homme qu'il voulait être. Hammett décrit l'homme qu'il redoutait de devenir" emprunté à La Bruyère sans le citer qui disait de deux de ses contemporains : "Corneille peint les hommes comme ils devraient être, Racine les peint tels qu'ils sont". Autre temps mêmes mœurs.
Un "prequel" est un récit avant le récit mais écrit a posteriori pourrait-on tenter d'expliquer. Il permet de mieux appréhender ici la genèse d'un mythe. Du départ de Sam Spade de la fameuse agence Continental à son association avec le très répugnant Lew Archer (et finalement, on se dit que la mort de Archer au début du Faucon de Malte nous touche moins). On apprend à mieux connaître sa secrétaire, l'impertinente Effie Perine, on en sait un peu plus sur la liaison de Spade avec la femme de Archer, un amour de jeunesse que Sam Spade n'a pas su ou voulu saisir à l'époque. Mais surtout, il se dégage de ce roman tout au long d'une intrigue classique qui s'étend sur sept années l'atmosphère propre aux écrits de Hammett. La présence de Natalie Beunat à la traduction n'y est pas non plus étrangère, elle qui a de longue date fait du "père du roman noir" une affaire toute personnelle. Sam Spade croise un nombre de gens incalculables qui s'empressent de faire appel à lui tout en lui mentant - as usual - les gens cachent toujours leurs principales motivations. Lui est d'un cynisme à toute épreuve et d'une lucidité qui lui permet d'envisager la solution idéale à une enquête. Il est intègre, mais hormis les femmes de sa vie, personne ne l'aime. Un odieux ennemi insaisissable se fait la malle d'un navire avec 75000 dollars tout en trucidant ses associés et quelques innocents au passage, il tentera par la suite de mettre la main sur le trésor américain de Sun Yat-sen (eh oui, il y a dans ce roman qui se passe dans les années 1920 cet exotisme qui nous rappelle la chasse à la statuette en or maltaise) avant de périr d'un stylet grec ancien des années plus tard non sans être passé par la casse "chirurgie esthétique". Et malgré la police et ce lourdaud de Dundy, la loi a presque le dernier mot : Spade est un roublard intègre mais très rancunier. Du Hammett pur style aurait-on envie de dire, servi par une succession de courts chapitres qui rendent le livre inarrêtable avant sa fin, et qui surtout donne envie d'embrayer avec... Le Faucon de Malte.
On en parle : 813 n°109
Citation
Sid, la moitié des politiciens et des gens fortunés de cette ville aimeraient me voir en taule, pourtant, de temps à autre, ils ont recours à moi car je suis le seul en qui ils peuvent avoir confiance pour faire le ménage quand il y a de la casse, et ensuite la boucler.