Guerre sale

SMERSH était l'acronyme russe de Smiert Spionem, "mort aux espions". Il s'agissait d'une vieille organisation soviétique créée par Staline pendant la Seconde Guerre mondiale, destinée à éliminer tous les traîtres de l'Armée rouge, mais également les espions... et les opposants... et les semblants d'opposants... et les presque contre... et les pas tout à fait pour... et aussi un peu les autres ! Bref, tout ce qui pouvait agacer les gencives du "petit Père des peuples" - et, en effet, le petit père dépeuple !
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jeudi 21 novembre

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Roman - Policier

Guerre sale

Politique MAJ lundi 14 février 2011

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18 €

Dominique Sylvain
Paris : Viviane Hamy, janvier 2011
318 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-87858-340-3
Coll. "Chemins Nocturnes"

Actualités

Souffrance et faiblesse du Diesel

Prendre rendez-vous avec Lola Jost et Ingrid Diesel, c'est s'apprêter à passer de sales journées tout en étant en bonne compagnie. Joindre l'efficace et le redoutable à l'agréable.
C'est valable même si l'on se retrouve avec sur les bras le cadavre brûlé d'un avocat spécialisé dans la Françafrique. Brûlé de manière atroce : un pneu qu'on lui a passé tel un collier de mauvais goût autour du cou avant de l'enflammer, et de regarder l'homme tenter de se débattre dans une lente agonie. Quand on aime l'exotisme et qu'on est avide de connaissances, on est content d'apprendre que la chose à un nom : le supplice du père Lebrun. Alors, bien sûr, il n'y a là rien pour motiver les deux commères, si ce n'est que, près de dix années auparavant, c'est l'assistant de Lola Jost qui avait péri de la même manière. Ce meurtre, jamais élucidé et que l'on s'était empressé de classer, avait conduit la commissaire à aller faire des puzzles dans sa mansarde bien avant l'heure. Petit hic, c'est Sacha Duguin, un ancien petit ami d'Ingrid Diesel qui est en charge de l'enquête officielle. Et il reste entre eux deux tous ces petits trucs qui font qu'on est toujours dans un état mélancolique avec cette certitude ancrée au plus profond de soi que l'autre a encore plus merdé grave que nous. Et puis, il ne faut pas oublier qu'Ingrid, c'est une Américaine dont le visa ne tient qu'à un fil. Mettre les mains dans la Françafrique, c'est pire que dans le cambouis. Ça tâche, ça pue. Il n'y a aucune lessive pour nettoyer et enlever l'odeur. Lola et Ingrid avancent péniblement. Elles subissent plus qu'elles n'agissent. Mais elles ont pour elles qu'elles sont de sacrées garces qui ne reculent devant rien.
Il souffle un brin de fraîcheur sur cette aventure qui n'en fait pas une énième qu'on lirait d'un air blasé. Dominique Sylvain prend un malin plaisir à frustrer son lecteur qui par moment subit l'enquête comme ses deux héroïnes. L'intrigue classique prend toute son ampleur à la mesure que les pages défilent, que les personnages en apprennent de belles (que l'on pressentait mais il est nullement question ici de dévoiler un pan de la chose), qu'ils pleurent, souffrent et sourient. Plus que l'enquête, c'est comment Dominique Sylvain approfondit ses personnages qui est intéressant. Ceux-ci sont dépeints avec talent et maitrise. Ils sont éminemment faillibles, humains et beaux. Loin des ébauches manichéennes que l'on peut voir ici et là. Comme dans ses précédents romans mettant en scène ses deux héroïnes, Dominique Sylvain nous régale des barbarismes néologiques d'une Ingrid Diesel (eh oui, le français n'est pas toujours logique) reprise de belles volées par une Lola Jost précise dans sa rhétorique voire tatillonne. Sitôt le livre refermé, ils nous manquent tous ces personnages. Il ne reste plus alors que, pour les chanceux, attendre un rayon de soleil et partir dans la Capitale à la recherche de ce passage du Désir...


On en parle : Alibi n°2

Nominations :
Trophée 813 du roman francophone 2011
Trophée 813 du roman francophone 2012
Prix Orange/Sauramps 2011
Prix Virtuel du Polar 2011

Citation

Restons sur une bonne impression, commandant. Je viens admettre que je vous avais mal jugé. N'espérez pas d'autres compliments, j'en suis avare.

Rédacteur: Julien Védrenne dimanche 24 avril 2011
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