Rosa

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Roman - Policier

Rosa

Historique - Tueur en série MAJ lundi 06 juin 2011

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 9,4 €

Jonathan Rabb
Rosa - 2005
Paris : 10-18, juin 2011
568 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-264-05142-4
Coll. "Grands détectives", 4455

Le meurtrier fait dans la dentelle

Jonathan Rabb semble avoir une attirance toute particulière pour le Berlin des années 1920. Avec son personnage récurrent l'Oberkommissar de la Kripo Nikolaï Hoffner, il se permet une immersion dans l'histoire trouble de l'Allemagne vaincue lors de la Première Guerre mondiale, déchue de son Kaiser, partagée entre le rêve révolutionnaire spartakiste incarné par Rosa Luxembourg et l'ordre nécessaire promis par les Nazis. Si ces derniers ne sont pas encore présents en 1922, tout dans les dialogues et les faits de ce roman les annonce.
Rosa est un roman dense, long, aux descriptions nombreuses et aux dialogues âpres. N'est pas Berlinois qui veut et, heureusement, un lexique en fin de roman permet de mettre un mot français sur les nombreux astérisques qui essaiment le texte.
Le métro est en pleine construction. Et dans ses stations, l'on découvre les corps de femmes tuées et curieusement mises en scène. Pire : un étrange motif tailladé au couteau marque de son empreinte l'assassin unique, le tueur en série. De compliquée, l'histoire devient très compliqué lorsqu'un de ces corps s'avère être celui de Rosa Luxembourg. L'égérie révolutionnaire semble avoir été victime de la malchance qui d'habitude s'abat uniquement sur les gens de peu. La Polpo est d'ailleurs de cette avis, elle qui voudrait que l'on enterre et l'affaire et Rosa Luxembourg. Mais Hoffner ne l'entend pas de cette oreille. Son analyse et son sens de la perception lui révèlent une bien autre voie. Il y a deux tueurs en liberté. L'un le maître, effectue un travail d'orfèvre (en l'occurrence, il s'agit plutôt de dentelle belge), l'autre, l'élève, n'offre qu'une pâle et unique copie.
L'auteur en profite pour mettre en place un tissu relationnel aux motifs extrêmement riches. Son Oberkommissar appartient à la police criminelle. Basé au troisième étage de l'Alex de l'Alexanderplatz, il doit composer avec la puissante police politique du quatrième, mais aussi avec l'état-major de l'armée. Dans le même temps, il fait face à l'antisémitisme galopant, à la méfiance de ses supérieurs car il est d'origine russe et n'est ainsi pas un Teuton pure souche. S'ajoutent à tout cela des industriels qui ne veulent pas que l'on touche à leurs prérogatives. Personnage sympathique et évidemment jusqu'au boutisme malgré les nombreuses embûches, ses relations tendues avec son épouse et son plus grand fils, sa double-trahison à l'égard de son collègue et de sa femme (il entretient une relation adultère avec la petite amie du premier ; relation qui n'est pas la première du genre) font de Nikolaï Hoffner quelqu'un d'ambigu qui rajoute à la complexité d'une trame scindée en deux parties.
Les amateurs d'Entre-deux-guerres, d'années folles et sordides, de luttes révolutionnaires et humanistes, avides de lire des récits à la limite du témoignage historique seront ravis...


On en parle : La Vache qui lit n°124

Citation

Montrez-moi quelqu'un capable de trouver un appartement aussi vite à Berlin, je vous prouverai que c'est un assassin.

Rédacteur: Julien Védrenne dimanche 05 juin 2011
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