La Faute aux Chinois

Il en a les yeux qui pétillent. Ce serait inconvenant de sourire, mais personne ne l'empêchera de goûter chaque seconde de cette expérience unique. Qui peut se targuer d'être passé derrière un miroir sans tain !? En tant que criminel, en plus ! Le pied, Victor, c'est le pied !
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Bande dessinée - Noir

La Faute aux Chinois

Social - Tueur à gages MAJ mercredi 29 juin 2011

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21 €

Aurélien Ducoudray (scénario), François Ravard (dessin)
Paris : Futuropolis, juin 2011
148 p. ; illustrations en couleur ; 28 x 21 cm
ISBN 978-2-7548-0199-7

Combat de classe : le poulet contre le coucou

L'esprit de classe sociale a disparu. C'est à partir de ce constat qu'Aurélien Ducoudray et François Ravard nous proposent l'excellente bande dessinée La Faute aux Chinois.

Tout débute dans une usine où Louis Menier, petit-fils et fils d'ouvrier, s'échine à éviscérer des poulets. Un vrai décor de carte postale à l'ancienne amplifié par l'aspect monochrome. Bistre, bistre, rage. Il croise Suzanne, une secrétaire des étages. Ils se marient. Lui, hérite du beau-frère, celui dont personne ne rêve : lourd, incontournable, omniprésent, cadre dans la même entreprise. Ils ont une enfant prématurée qui refuse de s'alimenter. La vie du couple bat de l'aile (normal avec tous ces poulets), alors le beau-frère propose à Louis de faire des extras. Dans un conteneur d'une casse, se trouve un ouvrier qualifié qu'il va devoir tuer. Il prendra d'ailleurs sa place dans l'entreprise. Une promotion qui se décline en promotion sociale avec nouvelle maison, nouvelle voiture, nouvelle vie. Devenu tueur à gages à temps partiel sans que pour autant sa conscience ne se rappelle à son bon souvenir, Louis commence à multiplier les contrats. Des histoires de viagers, d'héritages, de matchs truqués avant la grosse affaire, celle qui va permettre à l'entreprise de volaille d'obtenir des investissements de la part des fonds de pension et par là-même d'être délocalisée en Chine.

C'est le moment choisi par Aurélien Ducoudray pour nous expliquer dans un long tête-à-tête la méthode du coucou, cet oiseau parasite qui bouffe un arbre jusqu'à sa dernière sève puis s'en va voir ailleurs. Suzanne a pris du galon. Faut dire qu'elle a triché lors d'un concours. Elle finira par partir en Chine diriger l'usine nouvelle. Grippe aviaire et porcine apparaissent. Un second tueur aussi. Et puis tout sombre dans la violence. Louis trahi cherche sa fille. C'est cette histoire qu'illustre François Ravard. Tout naturellement, ses personnages sont durs, au physique peu attrayant, hormis Pauline, la fille de Louis - image même de l'innocence ? Elle adore son père, mais qu'en serait-il si elle savait ce qu'il est exactement ? C'est la faim qui justifie les moyens, l'inégalité aussi. Le nouveau combat social semble être à ce prix. Haine contenue, canalisée et rendue avec une précision froide. Et qui trouve un relais dans une très belle, dense et longue bande dessinée graphique.

Illustration intérieure

La Faute aux Chinois. Détail de la page 7 lorsque Louis Meunier rappelle les antécédents ouvriers de sa famille.


Nominations :
Prix BD Polar Expérience / evene.fr 2012

Citation

Le plus bizarre quand on fait les gestes pour la dernière fois, c'est qu'ils sont pas vraiment différents de ceux qu'on fait tous les jours.

Rédacteur: Julien Védrenne samedi 18 juin 2011
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