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298 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-84878-119-8
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- 22/11 Prix littéraire: Sélection Olives noires 2012
En marge de Polar à Nyons, le premier prix Olives noires sera décerné par un jury de lecteurs. La sélection est d'ores et déjà connue. Le lauréat le sera, lui, de manière officieuse, le vendredi 23 novembre mais seulement divulgué le lendemain. Voici quels sont les prétendants - notons que les éditions Jigal avec quatre ouvrages sur sept sont furieusement bien loties.
Sélection Olives noires 2012 :
- Les Violents de l'automne, de Philippe Georget (Jigal, "Polar") ;
- Tout du Tatou, de Pierre Hanot (La Branche, "Vendredi 13") ;
- Les Vies de Gustave, de Gilles Del Pappas (Jigal, "Polar") ;
- Lily en eaux troubles, de Zolma (Jigal, "Polar") ;
- La Petite fêlée aux allumettes, de Nadine Monfils, (Belfond) ;
- Maux fléchés, d'Alain Bron (In octavo) ;
- Restez dans l'Ombre, d'André Fortin (Jigal, "Polar").
Liens : La Petite fêlée aux allumettes |Lily en eaux troubles |Les Violents de l'automne |Tout du tatou |Les Vies de Gustave |Philippe Georget |Pierre Hanot |Gilles Del Pappas | Zolma |Nadine Monfils |Alain Bron |André Fortin |Polar à Nyons
Choc des cultures
Souvent les intrigues policière avancent, non pas par la pure volonté des protagonistes, mais par une suite de hasards, ces mêmes hasards que vantaient tant les surréalistes. Avec Maux fléchés, Alain Bron, provoque une suite d'aventures des personnages de son histoire à partir d'un hasard de nature étrange.
Tout débute avec un vieux paysan protestant ardéchois qui est accusé du meurtre d'un nouvel arrivant dans le village. En prison, il se trouve confronté à l'arbitraire de l'administration et à la jungle humaine. Au milieu, il y a surtout ce chef de bande qui cherche à s'évader.
Parallèlement à cette première intrigue, l'enquête d'un journaliste amateur, plus Rouletabille que Rouletabille, spécialisé dans la création de grilles de mots croisés et de sudokus, qui a décidé, en bon voisin, d'aider le paysan ardéchois à prouver son innocence.
Par delà l'enquête policière, qui, sans être anecdotique, n'est pas le cœur de cette histoire, ce qui importe à Alain Bron, c'est le soin qu'il met à nous présenter un choc de civilisations. Choc tout d'abord entre le journaliste qui essaye de s'intégrer et ses voisins. Alain Bron nous peint une ruralité ardéchoise profonde, marquée par le protestantisme, un protestantisme obligé de se cacher. Se développent des mentalités aiguisées par les souffrances des siècles passés et qui pèsent encore, mais en même temps, le sens du travail, de la valeur matérielle.
D'autre part, à travers le regard du paysan emprisonné qui doit partager sa cellule avec des truands et des personnages peu recommandables (son compagnon de cellule est peut-être un pédophile), ses longues réflexions sur les travaux des champs, sur l'immuabilité du temps, c'est aussi une façon intelligente de nous présenter le fossé profond qui existe entre la France profonde, rurale, calme - qui sait qu'elle possède le temps pour elle -, et une France plus excitée, plus rapide.
Le roman propose même le portrait de l'épouse du paysan qui se bat pour son époux mais qui continue à travailler à la ferme, tout en priant pour la femme du voisin mort dont on va s'apercevoir que sa vie est compliquée, à l'image des familles des nouvelles générations.
Sans sombrer dans le pétainisme, ce qui serait là un odieux raccourci, Maux fléchés ausculte la société française en mettant l'accent sur une partie souvent oubliée, ou moquée, ou mythifiée, mais en la présentant comme une façon de vivre éloignée, exotique et étrange dans sa fidélité même à celle de nos ancêtres, le tout dans un récit qui sait mixer un humour bon enfant et des péripéties intelligentes.
Nominations :
Olives noires 2012
Citation
Tout ce gâchis à cause d'un voisin qui confondait travail avec à peu près, éducation avec dressage et propriété avec jalousie.