Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais par Étienne Lethel
Paris : Le Masque, mai 2012
284 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7024-3652-3
Coll. "Agatha Christie", 15
Train bleu sang
Loin de l'exotisme de l'Orient-Express, après la Seconde Guerre mondiale, Agatha Christie renoue avec le meurtre à bord d'un train. Ici encore, Hercule Poirot (qui décidément est toujours là au bon moment même si dans cette enquête il est officiellement à la retraite) va devoir activer ses méninges au cours de longues investigations qui dureront jusque longtemps après que le cadavre de Ruth Kettering, la fille d'un millionnaire américain, a été découvert étranglé et atrocement défiguré. Cette dernière était mariée à un futur lord qui, lui, s'était énamouré d'une danseuse de cabaret parisien. La conduite de Ruth Kettering n'était pas non plus irréprochable. Elle voyageait à bord du train bleu à destination de la Riviera pour y retrouver le comte de la Roche, un dandy peu recommandable, amour de jeunesse. Qui de l'amant ou du mari est le responsable ? D'autant que par un malheureux hasard les deux hommes étaient à bord de ce même train bleu qui relie la gare de Lyon parisienne à Nice.
C'est l'épineux problème que doit résoudre la police alors qu'une mallette de bijoux a également disparu avec un collier de diamants dont le moins connu n'est pas le Cœur de feu porté par d'illustres prédécesseurs. Le père de la morte va alors convaincre Poirot d'enquêter ce qu'il acceptera seulement car il était présent sur les lieux. Ses petites manies d'enquêteur à la retraite l'orientent sur une autre piste, celle du Marquis, un homme dont nul ne connait l'identité, détrousseur de futurs cadavres fortunés. Mais pour mener à bien ses investigations, il n'agira pas seul. Dans le train initial, il a croisé une ancienne dame de compagnie devenue riche. Petit hommage à Miss Marple, elle vient de St. Mary Mead, le même village, où pourtant il ne se passe rien, dixit Katherine. Si Poirot par la suite du roman est amené à la recroiser, cette Katherine devra quitter le village pour le retrouver à Londres. On ne marche pas impunément sur les chemins du village de la pire commère de Grande-Bretagne comme ça.
Le fond du problème sera de découvrir l'identité du Marquis et de sa complice, ce qui ne sera pas difficile pour le lecteur aguerri du genre. Il y a quelques personnages secondaires pas inintéressants mais étrangement pas forcément aboutis. La faute à une enquête qui ne se limite pas à un même univers (le train comme dans Le Crime de l'Orient-Express) ou un seul lieu (on se retrouve à Londres, Paris, St. Mary Mead, La Riviera...). Du coup, les personnages n'ont guère le temps de s'exprimer. Ils sont cependant dépeints avec talent mais on a l'impression d'excellentes esquisses, l'on ressort un peu frustré tant Agatha Christie nous a habitué à ces personnages différents et complémentaires respectueux d'une certaine société. Il n'en demeure pas moins que ce roman qui débute comme un roman à mi-chemin entre l'aventure et l'espionnage avec un contrebandier russe et un riche acheteur grec est un excellent divertissement.
Citation
Je vais aller m'allonger avec une tisane. Ce que j'attendais est arrivé, et quand cela arrive je suis toujours un peu ému.