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Poche
Réédition
Tout public
156 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-258-09713-1
Coll. "Petits noirs"
Actualités
- 22/06 Édition: Parutions de la semaine - 8 juin
C'est le grand rush avant les vacances estivales. Peut-être pire que d'habitude, le choix s'avère cornélien et ruineux pour les bourses. Dans ces conditions, à moins de s'en référer aux avis k-librés nombreux, peut-être aurez-vous l'idée de vous orienter vers des valeurs sures comme cette anthologie que Le Seuil et L'Olivier vous proposent centrée sur le personnage emblématique de l'œuvre de Manuel Vásquez Montalbán, Pepe Carvhalo. Sinon, il faut bien le dire, quelques autres ouvrages en nombre méritent votre attention. À commencer par ceux de Jean d'Aillon, Denis Alamercery, Pieter Aspe, Patrick Bard, Frédéric Bertin-Denis, Thierry Brun, Robin Cook, Alicia Giménez Bartlett, Hervé Jaouen, Camilla Läckberg, Laurent Maillard, Elvin Post, Xiaolong Qiu, Willy Uribe - je vous avais prévenu, la liste est longue sans compter certaines rééditions (comment ça il y a un roman de Dennis Lehane dans le lot hebdomadaire ?). Et puis, aussi, puisque l'on avait entamé ce petit papier par l'auteur catalan par excellence, comment oublier sans risquer de vexer certaines éditrices Barcelone Noir ?
Grand format :
Organes à tous les coups, de Denis Alamercery (Scrineo)
Mistral noir, de Bernard Alteyerac (Léo Scheer, "Thriller")
Barcelone noir, anthologie dirigée par Adriana V. Lopez & Carmen Ospina (Asphalte, "Noir")
¡Viva la muerte! de Frédéric Bertin-Denis (Kyklos)
Élémentaire, mon cher Watson ! Douze enquêtes policières résolues grâce à la logique, aux mathématiques et aux probabilités, de Colin Bruce (Flammarion, "Connaissance-fiction")
L'Étrange affaire du chat de Mme Hudson : et autres nouvelles policières résolues grâce aux progrès de la physique, de Colin Bruce (Flammarion, "Connaissance-fiction")
La Ligne de tir, de Thierry Brun (Le Passage, "Polar")
Impures, de Martina Cole (Fayard, "Noir")
L'Élixir des Templiers, de Alfredo Colitto (L'Archipel)
Assurance vie, de Robin Cook (Albin Michel, "Thrillers")
Paraphilia, de Saffina Desforges (Pôle noir)
Serenissima Tosca, de Jean-Pierre Dumans (Les 2 Encres, "Sang d'encre")
Une fibre meurtrière, de Kylie Fitzpatrick (Actes sud, "Actes noirs")
Le Silence des cloîtres, d'Alicia Giménez Bartlett (Rivages, "Thriller")
Les Déglinguants, de Dan Kervé (Coop Breizh)
La Sirène, de Camilla Lâckberg (Actes sud, "Actes noirs")
De main morte, de Laurent Maillard (Les Contrebandiers, "Petite noire")
La Mauvaise femme, de Marc Pastor (Jacqueline Chambon, "Roman policier")
Qui a tué Mathusalem ? d'Emmanuel Pierrat & Jérôme Pierrat (Denoël, "Thriller")
Marseille, un flic, de Jean-Louis Pietri (La Manufacture de livres)
Room service, d'Elvin Post (Le Seuil, "Policiers")
Cyber China, de Xiaolong Qiu (Lian Levi, "Policier")
Pain perdu chez les vilains, de Jean-Jacques Reboux (Après la lune, "Lunes blafardes")
Sans tête, de Jean-Michel Roche (Pavillon noir)
Le Livre des jours : à la recherche..., de James L. Rubart (Vida)
Les Enquêtes de Pepe Carvhallo. 1, de Manuel Vásquez Montalbán (Le&Seuil, "Opus")
L'Appel de Satan, de Jean Vigne (Pavillon noir)
Poche :
Complot, de Jeff Abbott (LGF, "Thriller")
L'Homme aux rubans noirs, de Jean d'Aillon (Le Masque, "Labyrinthes")
De sang royal, de Pieter Aspe (LGF, "Policier")
Orphelins de sang, de Patrick Bard (Points, "Policier")
Rock'n roll à Lamballe, de Patrick Bent (Alain Bargain)
Hotel Brasil, de Frei Betto (L'Aube, "Noir")
Trois semaines pour un adieu, de C. J. Box (Points, "Policiers")
Dernière sur la liste, de Kate Brady (J'ai lu, "Frissons")
La Robe noire, de Wilkie Collins (Le Masque, "Labyrinthes")
La Neuvième pierre, de Kylie Fitzpatrick (Babel, "Noir")
Secrets impardonnables, de Laura Griffin (J'ai lu, "Frissons")
Le Samouraï d'Urakami, de Charles Haquet (Le Masque, "Labyrinthes")
Le Fossé, d'Hervé Jaouen (Presses de la Cité, "Petits noirs")
Le Dernier homme bon, de A. J. Kazinski (LGF, "Thriller")
Les Romans meurtriers, de Tak-Hwan Kim (Philippe Picquier, "L'Asie en noir")
Psychose sur Bernaudet, de Bernard Lahrant (Alain Bargain)
Ça se corse à Lorient, de Firmin Le Bourhis (Alain Bargain)
Les Visages écrasés, de Marin Ledun (Points, "Thriller")
Moonlight Mile, de Dennis Lehane (Rivages, "Noir")
Palas et Chéri-Bibi, de Gaston Leroux (Le Masque, "Labyrinthes")
Africa Corse, de Christian Lestavel (Le Toucan, "Toucan noir poche")
La Dernière trace, de Charlotte Link (J'ai lu, "Littérature générale")
Confessions rennaises, de Valérie Lys (Alain Bargain)
Alibi club, de Francine Matthews (Le Toucan, "Toucan noir poche")
Du sang sur la toile, de Miyuki Miyabe (Philippe Picquier, "L'Asie en noir")
Meurtre en la majeur, de Morley Torgov (Babel, "Noir")
Un torse dans les rochers, de Helene Tursten (J'ai lu, "Policier")
Le Prix de mon père, de Willy Uribe (Rivages, "Noir")
Le Chemin de Damas. 1, de Gérard de Villiers (Gérard de Villiers, "SAS)
Le Chemin de Damas. 2, de Gérard de Villiers (Gérard de Villiers, "SAS)
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Descente au bout de la nuit
Le titre est polysémique car ici le fossé renvoie à de nombreuses réalités. c'est d'abord une cassure entre les générations quand un notable de province ne voit pas comment sa fille a grandi et est entrée en révolte larvée contre cette famille trop bourgeoise. C'est aussi une fracture sociale (la première édition de ce texte date de 1995, au moment où le slogan entamait une belle carrière dans la bouche de Chirac) : entre le monde des riches ou des bourgeois, balisé, normalisé, prévisible, et celui des paumés, des laissés pour pour compte. Le narrateur venu des beaux quartiers part dans la jungle urbaine et rencontre des paumés, des "rebelles sans cause", des petites gens qui font le gros dos dans les banlieues. Cette fracture explose dans des scènes fortes comme lorsque à un moment le narrateur débarque dans un appartement de grande cité où les diverses générations regardent un film pornographique. Mais d'autres frontières infranchissables apparaissent dans ce Fossé. Les notables ont des piscines et les pauvres squattent des ruines d'anciennes usines. La police commence à être regardée de travers, et le roman décrit ce que d'autres appelleront les zones de non-droit.
Servi par un humour un peu distant (le narrateur voulait croire au lien social et a poussé sa fille dans un lycée public où elle a croisé de "mauvaises fréquentations"), Le Fossé se déroule en une unité de temps courte car le père doit retrouver sa fille qui a découché, et la piste qu'il suit l'entraine dans un univers de plus en plus nauséeux. Le roman présente un personnage central dont on suit les aventures périlleuses dans un long plaidoyer, dans une tentative de remettre de l'ordre, de devenir un vrai père. C'est peut-être là aussi qu'il existe un fossé entre Hervé Jaouen et une grande partie de la littérature policière. Il y a ici l'itinéraire d'un homme ordinaire, qui se fait policier, qui rend sa "justice", mais qui reste profondément humain, éloigné de toute récupération droitière et, en même temps, sa description évite l'angélisme des "zonards". Ce parti pris de ne pas juger, mais de restituer un personnage dans sa complexité, dans une situation compliquée, et un final qui s'offre le luxe d'être empli d'espoir, alors que toute les tentatives du narrateur furent un échec, présente bien à coté des "classiques" du genre, combien l'œuvre d'Hervé Jaouen mérite bien d'être régulièrement reprise et rééditée... pour que les nouvelles générations de lecteurs découvrent ce franc-tireur humaniste et attachant.
Citation
Notre bonheur était lisse. Petit-bourgeois, te disais-tu ? [...] Issu d'un milieu modeste, j'avais travaillé pour réussir. Nous ne volions personne. Nous désirions une société plus juste, nous jouissions du présent, à défaut de croire à la vie éternelle.