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Grand format
Inédit
Tout public
278 p. ; 21 x 13 cm
ISBN 978-2-7024-3658-5
Coll. "Grands formats"
Les rusés rouages du mécanisme
En 1938, Bertold Brecht publiait Mère Courage et ses enfants, un ouvrage qui relevait de la lutte des classes. Aujourd'hui, cette "Madame courage" c'est le nom d'une nouvelle drogue utilisée pour doper les djihadistes et accessoirement générer des profits monstrueux pour la cause. C'est d'ailleurs autour des réseaux criminels et terroristes que s'inscrit le nouveau roman de Serge Quadruppani, Madame Courage. L'auteur aime les intrigues complexes, les personnages qui se démènent, les situations qui reflètent confusément une réalité du monde qui se dérobe. Ce roman ne déroge pas à la règle en mulitpliant les points de vue. Le point central consiste en un repas durant lequel une main est offerte cachée dans un plat. Cette main va révéler les complexités de la situation. D'un côté, Simona Tavianello, une policière anti-terroriste italienne contrainte à la démission, son correspondant français qui a fort à faire avec les différents services de sécurité français, et de l'autre un petit voyou algérien contraint, lui, par le destin à devenir un dangereux terroriste ou le bouc émissaire de la raison d'État.
Par petites touches, Serge Quadruppani montre l'envers du décor, les liaisons entre les mafias, les factions dans l'État algérien qui joue avec les terroristes pour effrayer l'Occident et asseoir leurs pouvoirs, les hommes de l'ombre dont on voit parfois les agissements dans les gazettes. En multipliant les scènes, les personnages annexes, Serge Quadruppani prend cependant le risque de perdre le lecteur car le phénomène créé reconstitue lui aussi l'impression labyrinthique, parcellaire que nous pouvons avoir des événements. Nous avons entendu telle ou telle information à la télévision et là, l'auteur les remet dans une autre perspective. C'est ainsi que cette jeune humanitaire prise en otage est dans les faits une espionne ou que ce terroriste fanatique est un être fragile, manipulé dont on abuse sexuellement. La main coupée du début ne renvoie pas à une personne souffrante précise mais à un signe, à une menace exercée sur d'autres. Tout est le signe d'un complot universel que les humains fomentent pour accroitre leur puissance. Seuls une preuve d'amour, un repas entre amis, une larme peuvent contrecarrer une seconde ce bulldozer de pouvoir, d'argent et de corruption, symbolisé par Madame Courage, le nom ironique donnée à une drogue.
Citation
À quoi ça vous a servi d'avoir un État fort, s'il n'est même pas capable de défendre votre bœuf bourguignon et vos andouillettes AAAAA contre les ritals ?