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Roman - Policier

La Raison du plus fort

Économique - Mafia - Assassinat MAJ lundi 03 décembre 2012

Note accordée au livre: 2 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21,5 €

Veit Heinichen
Die Ruhe des starkeren - 2009
Traduit de l'allemand par Alain Huriot, François Mortier
Paris : Le Seuil, novembre 2012
302 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-02-101218-7
Coll. "Policiers"

Dressé pour survivre

Le monde actuel est vraiment complexe, et la mondialisation des économies n'a absolument rien simplifié. Avant que la Slovénie n'intègre l'espace Schengen, comme dans tout pays où des changements drastiques s'opèrent, ce sont les derniers jours où les mafias peuvent se glisser entre les mailles de la loi pour exercer leurs trafics divers et surtout variés. Après, bien sûr, ce sera toujours possible, mais cela coûtera plus cher en pots de vin et en magouilles pour y arriver. C'est dans cet entre-deux que se situe La Raison du plus fort, nouveau roman de Veit Heinichen.

Dans la région de Trieste vont se coaguler diverses intrigues labyrinthiques, dont l'auteur connaît sans aucun doute la plupart des tenants et aboutissants. Il y a par exemple ces petits gangsters qui élèvent des chiens pour des combats clandestins, et qui se retrouvent confrontés lors d'une soirée à des parieurs mécontents, ce qui a surtout pour conséquence d'attirer la police et de découvrir des tracts autonomistes qui menacent Goran Newman, homme influent de la région, lié aux réseaux politico-mafieux. L'enquête est menée par le commissaire Laurenti qui doit déjà s'occuper d'un mort mystérieux dans un train.

À une intrigue déjà complexe, Veit Heinichen ajoute un élément détonant. Goran Newman a un fils handicapé qui entretient une relation avec Pina, qui n'est autre que l'assistante de Laurenti. Cette relation ne manquera pas d'amener son lot de questions : ce fils est-il vraiment fragile ? Veut-il combattre l'empire malhonnête de son père ou prendre sa place ? Est-ce un hacker intelligent et discret ou un manipulateur cynique ?

Veit Heinichen passe d'un personnage à l'autre, d'un événement à l'autre, ponctue son histoire par les pensées du chien de combat, entame des intrigues qui n'aboutissent pas forcément, mais qui décalent sur un autre lieu. Cette construction éclatée, où parfois sont décrites les conséquences d'événements qui eux-mêmes seront décrits plus tard demande une grande attention et accentue l'aspect labyrinthique. Mais cette façon de construire reconstitue bien le monde actuel : des informations nous arrivent, des luttes de pouvoir se cachent derrière. Plus les discours officiels sonnent creux (et il y a dans le roman la description un peu miteuse de la réception officielle de la Slovénie dans l'espace Schengen), plus la transparence est évoquée, et plus les recoins sont sombres. La Raison du plus fort jette un éclat de lumière sur un de ces recoins tout en signalant que beaucoup d'autres restent opaques. Rien que du normal pour un roman noir...

Citation

Elle entendit au loin un sifflement qui détourna son attention. Lorsque son regard devint sur son tortionnaire, la place était vide. Le chien s'était volatilisé.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 03 décembre 2012
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