L'Énigme Velásquez

Quand on pense à tous les ennemis que les colons ont l'habitude d'affronter, qu'il s'agisse de bêtes sauvages ou des sauvages tout court, c'est horrible de savoir que votre pire ennemi se trouve parmi vous, qu'il a le visage de ces gens sur qui vous comptiez autrefois pour vous aider à vaincre l'adversité.
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Roman - Thriller

L'Énigme Velásquez

Artistique MAJ lundi 04 février 2013

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 0 €

Michael Gruber
The Forgery of Venus - 2008
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Charles Bonnot
Paris : Le Cherche midi, janvier 2013
378 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-7491-1343-2
Coll. "Thriller"

Les brumes des apparences

Un thriller, c'est avant tout une construction. Une construction le plus souvent labyrinthique, contournée. C'est le cas avec ce roman de Michael Gruber : un peintre raté, après avoir utilisé une nouvelle drogue, se découvre une véritable vocation de faussaire. Mais est-ce vrai ou est-il un peintre important sombrant dans la folie ou bien encore la véritable réincarnation de Velásquez ? Raconté à la première personne, mélangeant les périodes et les informations, L'Énigme Velásquez se bouscule en tous sens, se perd dans un méandre avant de revenir à l'intrigue principale. On ne voit ni coup de feu ni morts. Tout juste si l'on distingue des parrains qui dans le chapitre suivant sont présentés comme des médecins psychiatres venus vérifier l'état mental du peintre...

Michael Gruber s'est beaucoup documenté et fait passer avec justesse les informations sur l'art (y compris moderne), sur sa théorie, sur les vols des nazis, sur les façons de produire un faux convaincant, et sur la biographie de Velázquez. Tous ces éléments sont parsemés avec bonheur et ne gênent en rien la lecture. Cette maîtrise du sujet renforce encore plus l'atmosphère générale, dans les coulisses de la folie, de la prise de drogue, dans la réalité ou dans un univers mental qui se construit. À l'intérieur de ce brouillard - qui évidemment passe par les grandes nappes brumeuses de Venise -, les efforts du personnage pour sauver son couple, son fils handicapé, son métier, son honneur et peut-être même sa santé mentale se heurtent sans cesse à des murs invisibles, à des plongées temporelles à l'époque de Velásquez, plaçant le lecteur dans le même flou que le personnage, au cœur du thriller, un thriller élevé au niveau métaphorique, symbolique, se dépouillant de ses atours guerriers pour se concentrer sur son essence. Un côté abstrait qui comme la peinture du même nom, peut largement décontenancer.

Citation

Ce que je ne fis pas, oh non, je préférai me saouler à l'aide d'une demi-bouteille de bourbon, avant de m'évanouir dans la salle de bains du rez-de-chaussée au milieu d'une flaque de vomi.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 04 février 2013
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