La Mort n'a pas d'amis

Il ne connaissait Marty que depuis quelques heures mais il était déjà étiqueté comme 'le mec qui avait laissé son frangin se faire kidnapper'. Et cette description lui collerait à la peau. Il deviendrait à jamais le pauvre type à qui il fallait parler gentiment, celui qui exigeait la pitié des autres alors qu'il ne la méritait pas.
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Roman - Policier

La Mort n'a pas d'amis

Historique - Tueur en série - Artistique MAJ lundi 01 avril 2013

Note accordée au livre: 3 sur 5

Poche
Inédit

Tout public

Prix: 9 €

Gilles Schlesser
Paris : Parigramme, mars 2013
236 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-84096-812-2

Cadavres exquis

Le surréalisme s'est voulu une révolution, et s'est rêvé violent, mais dans l'ensemble ça n'a été que révolutionnaires de salon, et dictateurs d'arrière-salles de café. Le titre de ce nouveau roman de Gilles Schlesser fait référence Au rendez-vous des amis, un célèbre tableau de Max Ernst qui présentait les différentes figures du mouvement surréaliste, et quelques uns de leurs ennemis. Ce tableau, on le retrouve d'ailleurs au centre de l'intrigue quand un commissaire de police signale à Camille Baulay, une jeune journaliste, la mort mystérieuse d'un inconnu. Nous sommes à Paris en plein décembre 1924, et ce sont les débuts d'un tueur en série qui s'inspire à la fois du tableau et de citations surréalistes pour commettre ses crimes. Les faits se compliquent encore plus lorsque l'une des victimes se trouve être très proche de la jeune femme. Ce nouveau meurtre est-il à mettre au crédit du même tueur ?

S'il est symptomatique que le récit s'ouvre par un rêve de l'héroïne - le songe est une clé d'entrée dans l'univers surréaliste -, La Mort n'a pas d'amis n'en demeure pas moins primesautier, servi par une écriture allègre qui prend son temps avec des descriptions du mouvement surréaliste, agrémenté d'anecdotes flamboyantes. Et puis Gilles Schlesser dépeint la trajectoire de Camille Baulay en s'attardant sur ses relations amoureuses compliquées. Enfin, il décrit une relation ambigüe entre cette journaliste et le commissaire de police.

Du coup, en variant entre ces trois pistes, le roman n'atteint pas la densité du Nous cheminons entourés de cadavres aux fronts troués, de Jean-François Vilar qui explorait les mêmes milieux, mais propose une variation amusée et fine. Le Paris des années 1920, et l'un des ses mouvements littéraires sont bien rendus pour des gens qui ne s'y connaissent que très peu et sont enclins à rencontrer Éluard, Breton et Aragon. Cerise sur le gâteau : l'énigme, même si elle se joue en mode mineur, n'est pas sacrifiée sur l'autel des référents littéraires. Et ça, c'est une jolie gageure !

Citation

Il va falloir que je m'habitue. Doucement... Et vous, ne me dites plus jamais que la vie n'est pas surréaliste...

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 27 mars 2013
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