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Plat froid à base de fer
Homicide post mortem, nouveau roman d'Olivier Kourilsky, débute sur des bases on ne peut plus simples. Son enquête s'avère extrêmement facile avec un divisionnaire à la retraite retrouvé assassiné, dont on extrait les balles du corps qui, d'entrée de jeu, parlent. Seul problème, et de taille : le revolver qui a fait feu est celui de Machefer, un ancien policier, lui-même mort depuis longtemps, et qui a joué des années plus tôt le rôle du flic justicier. Cette arme aurait donc dû se trouver bien à l'abri enfermée dans la salle du commissariat des pièces à conviction. Cela se complique quelque peu car le divisionnaire Buchot, nouvellement assassiné, avait participé à l'enquête pour démasquer Machefer. Pendant ce temps, en Asie, la fille d'un autre policier, qui a participé lui aussi à l'affaire (ça commence à faire beaucoup), est arrêtée par la douane locale pour trafic de drogue. Des lettres anonymes commencent à arriver qui semblent indiquer que ledit Machefer est revenu d'entre les morts pour se venger. Les indices partent en tous sens. Maupas, le policier qui enquête, lui-même impliqué dans l'histoire, doit essayer d'en démêler les fils complexes, mais comme il y a un traitre à l'intérieur du service, que les indices pointent alternativement vers l'un ou l'autre de ses hommes, il se demande comment agir.
Homicide post mortem décrit en un même mouvement une vengeance, des manipulations et des traitrises. Olivier Kourilsky déploie son intrigue dans l'espace entre la France et l'Asie, et dans le temps - une vengeance forcément nécessite que le plat soit froid. Pour cela, il faut faire monter le suspense et Olivier Kourilisky sait mener une intrigue qui chemine par des pistes détournées altérée par quelques sous-intrigues. Son enquête, qui fonctionne, aurait pu mériter quelques pages supplémentaires afin d'en augmenter l'angoisse en insistant plus longuement sur les scènes de prison en Asie, la descente dans les caves où le justicier forcément vengeur entrepose les instruments de son crime, et le ressort du fantastique pour brouiller les pistes, avec un peu de baroque et de démesure, concernant Machefer. Cette réserve mise à part, qui aurait transformé un honnête roman policier en texte qui ne s'oublie pas, Homicide post mortem s'imbrique dans la lignée des romans qui sont autant d'excellents moyens de passer quelques heures de détente en compagnie de personnages dessinés avec soin et d'une intrigue très correcte.
Citation
Les gyrophares des voitures de police tournoyaient, et les éclairs bleus illuminaient à intervalles réguliers les pavillons avoisinants, troublant la tranquillité de cette zone résidentielle du Perreux.