Le Mort au quatre tombeaux

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Roman - Policier

Le Mort au quatre tombeaux

Énigme - Disparition - Assassinat MAJ mardi 02 juillet 2013

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19,9 €

Peter May
Extraordinary People - 2006
Traduit de l'anglais par Ariane Bataille
Rodez : Le Rouergue, mai 2013
300 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-28126-0517-8
Coll. "Noir"

Le mort façon puzzle

Jacques Gaillard était un homme connu qui occupait la place enviée de conseiller auprès du Premier ministre du gouvernement français. Son poste privilégié, proche des hautes sphères de l'État, avait fait de lui un homme très médiatique devenu rapidement une star du petit écran. La télévision l'avait propulsé dans le cercle fermé des icônes audiovisuelles, celles qui obtiennent ce fragile statut en peu de temps.
Mais à la rentée de 1996, juste après la période des vacances estivales, personne ne l'a vu réapparaître. Très vite, cette absence étrange s'est transformée en vive inquiétude. L'homme médiatique s'était mystérieusement évaporé. Aucun indice n'a permis d'aboutir à la moindre piste et jusqu'à aujourd'hui l'énigme est restée entière.

Oser parier sur sa capacité à réussir à résoudre le mystère de la disparition de Jacques Gaillard n'a pas fait peur à Enzo MacLeod. Là où, à l'époque, la Police a échoué, lui est certain de pouvoir faire apparaître la vérité au grand jour. S'il est nécessaire de lui trouver des excuses à son arrogance, on peut juste préciser que cette affirmation a lieu au cours d'une soirée bien arrosée. Son enthousiasme a peut-être été démultiplié par les effets de l'alcool et une trop grande succession de verres. Cependant MacLeod est un habitué des enquêtes. Il était médecin légiste dans la police écossaise. Alors il n'est pas très compliqué d'imaginer que son ancien métier lui a certainement laissé le goût de mener des recherches approfondies.
Il a quitté le Nord de l'Angleterre depuis de nombreuses années pour s'installer en France où il a recommencé une nouvelle vie, et élève seul sa seconde fille, sa nouvelle épouse étant décédée au moment de l'accouchement. Il habite à Cahors mais vient régulièrement sur Paris dans un petit appartement prêté par des amis. C'est lors d'un de ses séjours qu'il décide de rencontrer Raffin, journaliste de profession et qui vient de publier un livre sur des enquêtes non résolues. MacLeod compte utiliser le travail du reporter comme point de départ à sa contre-enquête. Il va lui demander d'organiser une visite du domicile de Gaillard. Les années ont passé mais la mère de ce dernier a tenu à conserver l'endroit intact, exactement pareil qu'au moment de sa disparation. C'est en regardant l'agenda de Gaillard qu'il va mettre la main sur son premier indice, le prénom et l'heure d'un ultime rendez-vous. C'est parti, l'Écossais s'est mis en mode détective et s'apprête à vivre une grande aventure qui va le mener tout d'abord dans une église pour examiner une étrange tâche de sang, puis dans les catacombes où un coffre métallique est apparu suite à un éboulement.
À l'intérieur, il y avait un crâne et plusieurs objets hétéroclites : une coquille Saint-Jacques, un stéthoscope, un pendentif représentant une abeille et une médaille de l'ordre de la Libération. Il ne reste plus qu'à MacLeod à découvrir si le hasard l'a bien mis en présence de la première partie des restes de Gaillard. Il va devoir également comprendre les symboles cachés derrière cette collection soigneusement abandonnée par les assassins. L'Histoire s'invite donc dans cette chasse au mort très particulière. Mais MacLeod ignore si les meurtriers espéraient que cette malle refasse surface un jour et quelqu'un s'entête à vouloir trouver une signification afin de remonter vers eux. Ils ne vont peut-être pas le laisser faire et tenter de le stopper dans ces découvertes. MacLeod va devoir faire attention et se méfier de personnes qu'il rencontre. Certaines cherchent à le manipuler, à l'utiliser, voire même à lui mettre des bâtons dans les roues.

Une fois sa trilogie de Lewis achevée, Peter May n'a pas repris les aventures du couple policier-médecin de sa célèbre série chinoise. Il a choisi de créer un nouveau personnage-phare pour ce nouveau roman, un ex-médecin légiste à l'allure un peu excentrique et loufoque comme seule le Royaume-Uni sait les cultiver. Peter May continue à exceller dans l'art de la narration. Il donne ainsi une agréable impression de fluidité dans la lecture. Il sait camper ses personnages avec perfection dès les premières pages, renforçant ainsi la facilité à rentrer dans l'histoire.
Cependant, si un regret est possible dans le roman de Peter May, il se situe au niveau de l'intrigue et de son côté réaliste. On peut avoir un peu de difficultés à croire qu'une disparition d'un homme aussi médiatique, qui a donc été suivie par le fleuron des policiers français sans la découverte du moindre indice, puisse être résolue par quelqu'un d'extérieur en quelques heures seulement. Cela enlève un peu de crédibilité à son roman. Malgré tout, il ne faut pas oublier de souligner le fabuleux travail de composition des différentes énigmes. Peter May confie, en fin de livre, qu'elles ont été construites avec l'aide de son épouse. Elles sont vraiment bien ficelées et font habilement référence à l'Histoire de France. Elles sont essentielles à l'intrigue et contribuent à dessein à renforcer le suspense en baladant aux quatre coins de l'Hexagone.

Peter May laisse la porte ouverte pour la suite à cet opus en évoquant les autres enquêtes non résolues rassemblées dans le roman du journaliste. Sa nouvelle série s'intitule "Les Assassins sans visages", et il faut juste espérer que les prochains volumes ne restent pas dans cette impression en demi-teinte afin de profiter à nouveau de tout le talent de cet auteur anglais amoureux de la France pour nous plonger dans de nouvelles énigmes non résolues.

Citation

- Ce n'est pas facile d'entretenir une relation avec une victime.
Elle leva les yeux et, comme si elle éprouvait le besoin de s'expliquer, ajouta :
- Les survivants sont des victimes, eux aussi, vous savez.

Rédacteur: Fabien Maurice lundi 17 juin 2013
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