Scène de crime virtuelle

À l'instant de quitter ce monde, je reconnais que les plus beaux moments, les plus intenses, furent mes crimes odieux. Pouvoir et puissance de supprimer la vie. Bien sûr, je pourrais demander pardon aux familles des victimes, avec torrents de larmes et effusions. Mais cela n'a aucun sens, ce qui est fait est fait.
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jeudi 21 novembre

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Roman - Policier

Scène de crime virtuelle

Braquage/Cambriolage - Scientifique MAJ mardi 10 septembre 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

Peter May
Virtually Dead - 2010
Traduit de l'anglais par Jean-René Dastugue
Rodez : Le Rouergue, septembre 2013
332 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-8126-0551-2
Coll. "Noir"

Réel vs. virtuel

L'une des grandes inventions de ces dernières années, peut-être pour éviter les révoltes et les révolutions, c'est de convaincre les masses des pays développés d'aller se réfugier dans des univers virtuels où ils auront une meilleure vie, un corps parfait, des relations agréables et des odeurs perpétuelles de rose dans les narines. C'est un peu le but de Second Life : on s'y construit la maison de ses rêves, on modèle son corps, on change de sexe selon ses humeurs. On aurait tendance à l'avoir oublié, mais le jeu fut l'objet également de luttes politiques.
Le roman de Peter May, sorti en 2010 (il y a une éternité pour tout ce qui a trait de prés ou de loin aux nouvelles technologies et aux nouveaux médias) nous replonge dans un univers similaire. C'est ce à quoi va être confronté Michael Kapinski, photographe pour la police scientifique, veuf encore inconsolable, d'autant plus que son ex-épouse l'a mis financièrement dans une situation délicate. Aussi, lorsque sa psychiatre lui demande de sauter le pas et d'entrer dans un monde virtuel, où elle tente une expérience de thérapie de groupe par ordinateurs interposés, il fonce.
Lorsque l'on part en vacances, on emmène ses soucis avec soi. Eh bien, lorsque l'on s'engouffre dans les univers virtuels, les ennuis du vrai monde nous rejoignent encore plus vite, et ce d'autant plus que ce sont les mêmes humains qui se baladent de l'un à l'autre. Michael Kapinski va en découvrir peu à peu la vérité. Au sexe omniprésent et au problème de l'argent (même dans les mondes virtuels, il faut acheter !), il faut ajouter la violence et la mort qui y rodent inlassablement. Et c'est ainsi que Kapinski se fait engager comme détective privé.
Tout se complique quand on commence à découvrir des cadavres dans la vraie vie sans que l'on comprenne bien comment ils ont pu être tués. Michael Kapinski en découvrant leurs avatars dans le monde virtuel comprend que quelqu'un les tue si bien dans les faux univers qu'ils meurent également dans les vrais !...
Le roman de Peter May joue constamment sur les deux univers. Même si le lecteur ne saisit pas tout des possibilités de tuer d'un univers à l'autre, il tient par cette contamination des deux mondes : on s'évade dans le virtuel qui peu à peu devient encore plus cauchemardesque que le réel. En cherchant à fuir de petits problèmes financiers, Michael kapinski se trouve pourchassé par des gangsters car il leur a volé trois millions de dollars dans le monde virtuel sans trop savoir comment.
Servi par une ironie discrète, très anglaise, Scène de crime virtuelle est basé sur une intrigue très classique que l'apport des scènes virtuelles, le passage entre deux mondes, les côtés cartoons (qui n'empêchent pas des moments poignants), permet de le sortir du lot des romans sur le thème avec un angle de vue original qui le rend percutant.

Citation

Ses 24 heurs étaient écoulées et, maintenant, il fuyait la police et la mafia. Il ne voyait pas comment tout cela pouvait finir autrement que dans les larmes. Ou pire.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 09 septembre 2013
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