La Chambre ardente

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Roman - Policier

La Chambre ardente

Huis-clos - Énigme - Ésotérique - Assassinat MAJ mardi 11 février 2014

Note accordée au livre: 5 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 6,6 €

John Dickson Carr
The Burning Court - 1937
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Maurice-Bernard Endrèbe
Paris : Le Masque, janvier 2014
314 p. ; illustrations en noir & blanc ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7024-4036-0
Coll. "Masque poche. Jaune", 35

Vue sur chambre

John Dickson Carr, l'un des anciens maîtres du meurtre en chambre close, est régulièrement réédité même si malheureusement pas retraduit. Ce roman, en date de 1937, ne déroge pas à la notoriété d'un auteur à l'aise dans des intrigues énigmatiques dans lesquelles il prend plaisir à multiplier les fausses pistes, allant même jusqu'à l'irrationnel de la sorcellerie, pour perdre son lecteur. La chambre ardente, c'est avant tout un tribunal extraordinaire chargé de juger les adeptes de sorcellerie. John Dickson Carr fait intervenir l'histoire légendaire de la marquise de Brinvilliers, jugée et exécutée pour fratricide par empoisonnement, pour un cas insoluble qui sera partiellement dénoué par un personnage romancier et criminel, imbu de lui-même, qui connait tout à tout des faits sordides et meurtriers. L'intrigue est limpide : aux États-Unis, au début du siècle dernier, un vieil homme est retrouvé mort dans sa chambre. Le médecin conclut à une gastro-entérite qui a mal tourné, seulement dans une armoire sont retrouvés un plateau avec des aliments truffés d'arsenic et le cadavre d'un chat. La victime avait une infirmière à domicile et hébergeait ses trois enfants et la femme de l'un des deux fils. Tous ont un alibi parfait et inattaquable. La femme du gardien de la résidence a eu le temps de voir par la fenêtre et en pleine nuit l'ombre fantomatique de la marquise apporter le plateau au vieillard avant de traverser les murs. Un couple d'amis, voisin de la victime, est lui aussi sur la sellette. Le plus étrange est que le corps de la victime, enterré dans la crypte familiale, a disparu. Et sans corps, un homicide ne peut être prouvé. Des télégrammes anonymes sont alors envoyés. Un policier surnommé Le Renard débarque. S'ensuit une suite de monologues et d'interrogatoires où chacun est suspecté puis innocenté. Certains personnages fuient, d'autres enquêtent, aucun ne semble mentir mais dans les faits tous le font au minimum par omission. L'assassin manipule tout le monde en orientant les faits vers l'irrationalité de la sorcellerie et s'appuie sur la généalogie et l'héritage démoniaque. John Dickson Carr, on le sait si l'on a lu ses romans policiers, est un auteur cartésien, voire mathématicien et donc logique. Ses cas de meurtres ont des apparences trompeuses, et il est passé maitre dans l'art de berner son lecteur. Ses conclusions peuvent apparaitre comme capillotractées. D'ailleurs, la fin de La Chambre ardente baigne le lecteur dans la plus grande confusion. Mais son art de la narration à l'ancienne accentué par la peinture de ses nombreux personnages est un modèle du genre. Le style ampoulé de la traduction de Maurice-Bernard Endrèbe peut desservir un lecteur avide d'une langue qui colle à l'anglais, et ravir les adeptes de ces vieux romans policiers où le détective amateur dame le pion à l'enquêteur officiel. C'est ici partiellement le cas, mais nous ne déflorerons pas la scène finale, qui offre une surprise de taille rarement vue dans des ouvrages du genre. Nos cellules grises auront été mises à rude épreuve pendant un peu plus de deux heures. Et c'est bien là le mérite de cet ouvrage de très bonne distraction.

Citation

Il s'agit tout simplement d'un crime, mon ami ! Un crime assez bien mis en scène et révélant une assez belle conception esthétique, mais dont l'auteur est un hésitant et un maladroit. Ce qu'il y a de mieux dans cette histoire se trouve avoir une origine purement accidentelle.

Rédacteur: Julien Védrenne mardi 28 janvier 2014
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