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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'islandais par Éric Boury
Paris : Métailié, février 2014
308 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-86424-945-0
Coll. "Noir - Bibliothèque nordique"
Actualités
- 04/07 Librairie: Sélections de l'été 2015 de la librairie Compagnie
Cela ne vous aura sûrement pas échappé mais c'est l'été. Et avec l'été, les différents magazines littéraires, les suppléments des quotidiens, les blogs et les sites de librairie y vont de leurs sélections de l'été. Eh oui, car la saison - comme toutes les autres, d'ailleurs ! - est propice à la lecture, cette fois-ci farniente. Et quoi de mieux, si l'on n'a absolument pas envie de réfléchir, de reposer ses neurones, que de lire des romans policiers ? L'ironie des propos ne vous aura pas échappé, et en ce qui concerne les sélections de la Librairie Compagnie (58, rue des Écoles - 75005 Paris. Tél. : 01.43.26.45.36), certains ouvrages - on pense à ceux parus à la "Série Noire" de Thomas Bronnec, D.O.A. et Dominique Manotti ou à Après la guerre de Hervé Le Corre chez Rivages - vont véritablement à l'encontre de cette littérature de gare ayant débarqué à la plage. Et puis surtout le très conséquent Hérétiques de Leonardo Padura présent dans la première sélection, la seule à être réduite à quatre titres, dont deux de littératures policières. La seule sélection intéressante car mêlant tous les genres et obligeant de par son nombre réduit à faire des choix personnels. Sinon, les grands formats et les poches sont en nombre conséquent (treize et vingt-huit) ce qui peut déconcerter - d'autant plus qu'il est difficile d'y voir une cohérence (hormis l'affection pour Peter May), mais il faut viser un large public. Quoi qu'il en soit, ces sélections remettent certains ouvrages en avant (et nombre d'entre eux sont sur k-libre. Ne boudons pas ce plaisir. Bon été !
Les Livres de l'été :
- Pour que tu ne te perdes paq dans le quartier, de Patrick Modiano (Gallimard, "NRF") ;
- Hérétiques, de Leonardo Padura (Métailié) ;
- Les Initiés, de Thomas Bronnec (Gallimard, "Série Noire") ;
- 1177 avant J.-C. : le jour où la civilisation s'est effondrée, d'Eric Cline (La Découverte).
Romans policiers grand format :
- Les Nuits de Reykjavik, d'Arnaldur Indridason (Métailié, "Noir") ;
- Retour à Watersbridge, de James Scott (Le Seuil, "Policiers") ;
- Les Initiés, de Thomas Bronnec (Gallimard, "Série Noire") ;
- Temps glaciaires, de Fred Vargas (Flammarion) ;
- Dans la ville en feu, de Michael Connelly (Calmann-Lévy, "Robert Pépin présente...) ;
- Les Ombres de Katyn, de Philip Kerr (Le Masque, "Grand format") ;
- Or noir, de Dominique Manotti (Gallimard, "Série Noire") ;
- La Violence en embuscade, de Dror Mishani (Le Seuil, "Policiers") ;
- La Chasse au trésor, de Andre Camilleri (Fleuve, "Noir") ;
- Perfidia, de James Ellroy (Rivages, "Thriller") ;
- Pu-Khtu Primo, de D.O.A. (Gallimard, "Série Noire") ;
- La Fille du train, de Paula Hawkins (Sonatine) ;
- Le Garçon qui ne parlait pas, de Donna Leon (Calmann-Lévy).
Polars en poche :
- Citoyens clandestins, de D.O.A. (Folio, "Policier") ;
- L'Homme de Lewis, de Peter May (Babel, "Noir") ;
- L'Île des chasseurs d'oiseaux, de Peter May (Babel, "Noir") ;
- Le Braconnier du lac perdu, de Peter May (Babel, "Noir") ;
- Nous cheminions entourés de fantômes aux fronts troués, de Jean-François Vilar (Points, "Romans noirs") ;
- Délivrance, de Jussi Adler-Olsen (Le Livre de poche, "Thriller") ;
- Yeruldelgger, de Ian Manook (Le Livre de poche, "Policier") ;
- Ceux qui tombent, de Michael Connelly (Le Livre de poche, "Policier") ;
- Prague fatale, de Philip Kerr (Le Livre de poche, "Policier") ;
- Pain, éducation, liberté, de Pétros Márkaris (Points, "Policier) ;
- Journal 1966-1974, de Jean-Patrick Manchette (Folio) ;
- Police, de Jo Nesbø (Folio, "Policier") ;
- Black-out, de John Lawton (10-18, "Domaine policier") ;
- Les Douze enfants de Paris, de Tim Willocks (Pocket, "Thriller") ;
- Les Impliqués, de Zygmunt Miloszewski (Pocket, "Policier") ;
- Trois cercueils se referment, de John Dickson Carr (Le Masque, "Masque jaune") ;
- Meurtre à Tombouctou, de Moussa Konaté (Points, "Policiers") ;
- Je suis pilgrim, de Terry Hayes (Le Livre de poche, "Thriller") ;
- Le Duel, d'Arnaldur Indridason (Points, "Policiers") ;
- La Sirène, de Camilla Läckberg (Babel, "Noir") ;
- Après la guerre, de Hervé Le Corre (Rivages, "Noir") ;
- Deux veuves pour un testament, de Donna Leon (Points, "Policiers") ;
- Une disparition inquiétante, de Dror Mishani (Points, "Policiers") ;
- Au service surnaturel de sa majesté, de Daniel O'Malley (Pocket, "Thriller") ;
- La Disparue d'Angel Court, de Anne Perry (10-18, "Grands détectives") ;
- Dragon bleu, tigre blanc, de Qiu Xiaolong (Points, "Policiers") ;
- Le Sceau du diable, de Peter Tremayne (10-18, "Grands détectives") ;
- D., de Robert Harris (Pocket, "Thriller).
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- 23/05 Édition: Parutions de la semaine - 23 mai
- 07/02 Édition: Parutions de la semaine - 2 février
Préhistoire personnelle et guerre froide collective
À l'instar de Henning Mankell dans La Faille souterraine, Indridason a jugé bon de remonter dans l'histoire personnelle de son enquêteur, Erlendur, en mettant en scène celle qui sera sa mentore (?) : Marion Briem, une Dano-Islandaise qui fut tuberculeuse dans sa jeunesse. Nous sommes dans les années 1970, plus précisément au cours de l'été 1972, époque où se déroule à Reykjavík le fameux match au sommet dans le domaine des échecs, entre l'Américain Bobby Fischer et le Soviétique Boris Spassky – c'est l'un des sens du titre du livre. Alors que le monde entier a le regard tourné vers l'Islande, en particulier du fait des caprices de star de l'Américain, un adolescent, Ragnar Einarsson, est retrouvé tué d'un coup de couteau dans un cinéma de la ville. Cinéphile plus que passionné, ce jeune homme un peu étrange (il a été victime d'un grave traumatisme dans sa jeunesse) a pris pour habitude d'enregistrer le son et les dialogues de tous les films qu'il voit sur un magnétophone à cassettes. Personne dans la salle n'a remarqué quoi que ce soit et son cartable ainsi que le magnétophone ont disparu. Une ancienne cassette retrouvée chez lui atteste cependant d'une altercation intervenue lors d'une séance précédente avec un autre spectateur lui reprochant que ce qu'il fait là est illégal. À part cela, on retrouve un paquet de cigarettes soviétiques vide près du cinéma et le cartable de l'enfant (sans aucune empreinte digitale) dans la voiture d'un alcoolique qui ignore comment il est arrivé là – peut-être a-t-il été déposé à son insu. Mais aucun autre indice valable. L'enquête fait seulement apparaître la présence dans le cinéma d'un citoyen américain, d'un Islandais procommuniste et d'un couple adultère. Le tout sur le fond tendu d'une partie d'échecs qui tourne à l'affrontement entre les deux superpuissances, puisque nous sommes en pleine guerre froide et que Fischer a recours à tous les subterfuges pour tenter de déstabiliser un adversaire qui reste d'un calme olympien. Le reste du livre fait plus penser à un roman d'espionnage qu'à un policier classique. Il fait en effet intervenir Britanniques, Soviétiques et Américains autour d'une histoire de transfuge, sur fond de guerre de la morue, de base américaine de Keflavik, etc. L'Islande peut se prendre pour le centre du monde. La justice ne trouve pas tout à fait son compte, à la fin des fins, mais c'est rarement le cas lorsque quelqu'un est pris "à l'insu de son plein gré" dans une affaire qui lui est totalement étrangère et qui le dépasse de mille coudées. Parallèlement, le livre s'attache à la jeunesse de Marion, marquée par la tuberculose. Même si cela fait un peu l'effet d'un corps étranger dans le livre, il est intéressant de voir rappeler quel fléau cette maladie constituait il n'y a pas si longtemps encore (moins d'un demi-siècle) et les souffrances qu'elle entraînait, en particulier chez les jeunes enfants.
Au total, Indridason sacrifie passablement à l'attente d'un public international, en revenant ainsi sur le passé d'Erlendur (qui ne fait son entrée dans le livre qu'à la dernière ligne !) – peut-être par jalousie de métier envers son rival suédois, mais il a sans doute négligé le fait que celui-ci s'est cassé les dents quand il a voulu faire passer le témoin de Wallander à sa fille – et en donnant un tour homosexuel aux relations entre Marion et son amie à éclipse, Katrin. Cela se lit avec intérêt, même si on se perd un peu dans toute cette histoire bien compliquée, car l'auteur a du métier. Il l'avait déjà galvaudé quelque peu dans Bettý, il ne faudrait pas que cela devienne une habitude. Or, il est capable de bien mieux que ce qu'il a fait là ; que dis-je : il nous doit bien mieux que cela dans son prochain roman.
Citation
Les grands journaux titraient sans ambiguïté : LA GUERRE FROIDE SE JOUE À REYKJAVIK.