Zarbi

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Roman - Noir

Zarbi

Gothique - Musique MAJ lundi 31 mars 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

Cathi Unsworth
Weirdo - 2012
Traduit de l'anglais par Karine Lalechère
Paris : Rivages, mars 2014
400 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-2734-8
Coll. "Thriller"

Morts-vivants

L'Angleterre a toujours été à l'avant-garde des mouvements musicaux les plus surprenants, certains ayant duré comme le punk, d'autres n'ayant connu que quelques heures de gloire à l'instar du ska. Dans l'ombre post-punk, la plupart des oreilles européennes sont passées à côté de la première vague gothique qui s'est déployée au cours des années 1980 mise à part, peut-être, la splendeur ténébreuse des Cure. Ce sont justement ces groupes et leurs morceaux de musique qui servent d'ossature à Zarbi, nouveau roman de Cathi Unsworth, en même temps qu'ils sont une toile de fond musicale et thématique. Musicale car les morceaux servent de titres aux chapitres et que l'on écoute beaucoup de musique dans le corps du texte. Thématique car le roman tourne autour du satanisme - inépuisable source d'inspiration pour ces groupes.
En 1984, Corrine, une jeune fille adolescente est arrêtée et placée en maison d'aliénés car elle a été découverte à côté du cadavre d'un camarade sacrifié au centre d'un pentacle censé être magique. L'affaire rebondit lorsque, des années plus tard, une avocate profite des nouvelles recherches ADN pour découvrir qu'une deuxième personne se trouvait sur les lieux du crime rituel. Sean Ward est envoyé sur place pour en savoir plus.
Zarbi joue donc sur les deux registres : une enquête aujourd'hui auprès de gens qui ont vieilli et ont évolué et des flashbacks sur la première affaire. Par delà la musique gothique et les gens bizarres, c'est surtout les gens normaux qui sont visés, car, évidemment, cette mort "satanique" cache des errements plus humains. Le style et les descriptions de Cathi Unsworth rendent palpable la grisaille d'une petite ville de province, une ville balnéaire balayée par la pluie avec ses pubs tristes où l'on attend la fin de la journée ou de la vie, où les ambitions de chacun sont d'être le premier du village plutôt que le second en ville.
La constitution d'un groupe semble être alors la seule échappatoire possible pour une jeunesse désespérée. Un groupe soit de musiciens soit d'amateurs qui pourront se serrer les coudes et échanger des potins sur leurs groupes entre deux bières. Depuis le "sacrifice" de 1984, deux garçons vieillissants attendent d'ailleurs chope en mains au comptoir du pub, dans une sorte d'atemporalité décrite avec soin, mur temporel sur lequel se heurte Sean Ward. De son côté, Corrine stagne dans son asile, et les villageois continuent comme si de rien n'était une vie végétative à laquelle ils s'accrochent. Comme si Zarbi était aussi une lente, longue et lancinante chanson gothique sur le désespoir, la mort et les ténèbres envahissant le monde, comme cette Angleterre provinciale qui n'en finit pas de mourir, avec des accents lyriques de fin de monde, sans doute les plus beaux, comme un accord de synthé des Cure qui ne veut pas s'arrêter et résonne encore bien après le concert.

Nominations :
Grand prix de la littérature policière - roman étranger 2014

Citation

Il entendit son meurtrier prononcer encore une phrase. 'C'est ma ville, petit con.'

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 25 mars 2014
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