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Grand format
Inédit
Tout public
524 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-2726-3
Coll. "Thriller"
Actualités
- 19/07 Prix littéraire: Finalistes 2015 des Balais d'or
- 04/07 Librairie: Sélections de l'été 2015 de la librairie Compagnie
- 12/06 Prix littéraire: Sélections 2015 des Trophées 813
Si l'on se réfère à la lettre des adhérents de l'association "813 : les Amis des Littératures Policières" en date du 15 juin 2015, le premier tour du scrutin des "Trophées" a vu la participation de cent onze membres qui ont ainsi plébiscité 102 romans francophones, 123 romans étrangers, 53 bandes dessinées et 36 propositions pour le Prix Maurice Renault. La tradition veut que les cinq ouvrages les plus sollicités dans chaque catégorie participent à une ultime sélection de départage. Cette année, le Prix Maurice Renault doit composer avec six propositions (dont trois blogs, ce qui ne manquera pas du susciter le débat lors de la prochaine assemblée générale car si l'on admet les publications électroniques donc interactives, se posera nécessairement la question du multimédia comme les radios) car deux cinquième ex æquo complètent la sélection, et c'est sûrement lui le plus à suivre. Les autres sélections, qui sont bien plus "usuelles" dans le paysage littéraire, ont en leur sein de nombreux ouvrages qui ont déjà été ou sélectionnés ou primés, et sont donc nettement plus classiques, mais non moins qualitatives. Les adhérents de 813 ont jusqu'au samedi 19 septembre 2015 pour déposer leurs votes. L'annonce des lauréats aura elle lieu le dimanche 4 octobre 2015 pendant le Festival du polar de Villeneuve lez Avignon.
Sélection 2015 du "Trophée du roman francophone ou recueil de nouvelles" :
- Grossir le ciel, de Franck Bouysse (La Manufacture de livres) ;
- Après la guerre, de Hervé Le Corre (Rivages, "Thriller") ;
- L'Ange gardien, de Jérôme Leroy (Gallimard, "Série noire") ;
- Aux animaux la guerre, de Nicolas Mathieu (Actes Sud, "Actes noirs") ;
- Des forêts et des âmes, de Éléna Piacentini (Au-delà du raisonnable).
Sélection 2015 du "Trophée Michel Witta-roman étranger ou recueil de nouvelles étrangères" :
- 911, de Shannon Burke (Sonatine) ;
- L'Île du serment, de Peter May (Le Rouergue, "Rouergue noir") ;
- Kobra, de Deon Meyer (Le Seuil, "Seuil policiers") ;
- Hérétiques, de Leonardo Padura (Métailié) ;
- Une terre d'ombre, de Ron Rash (Le Seuil, "Cadre vert").
Sélection 2015 du "Trophée Maurice Renault" (essai, étude, article de presse, magazine, Internet...) :
- Krimi : une anthologie du récit policier sous le Troisième Reich, textes choisis, présentés et traduits de l'allemand par Vincent Platini (Anacharsis, "Fictions") ;
- Carnet de la Noir'Rôde ;
- La Tête en noir ;
- Blog Action-Suspense, de Claude Le Nocher ;
- Blog Actu du noir, de Jean-Marc Laherrère ;
- Blog Les Lectures de l'Oncle Paul, de Paul Maugendre.
Sélection 2015 du "Trophée de la bande dessinée" :
- Bonbons atomiques, d'Anthony Pastor (Actes Sud-L'An 2) ;
- Maggy Garrisson. 1, Fais un sourire, Maggy, de Lewis Trondheim & Stéphane Oiry (Dupuis, "Grand public") ;
- Moi, assassin, d'Antonio Altarriba & Keko (Denoël Graphic) ;
- Parker. Fun Island, de Richard Stark & Darwyne Cooke (Dargaud) ;
- Petites coupures à Shioguni, de Florent Chavouet (Philippe Picquier).
Liens : Grossir le ciel |Aux animaux la guerre |911 |Kobra |Bonbons atomiques |Moi, assassin |Parker : Fun Island |Des forêts et des âmes |L'Île du serment |Franck Bouysse |Hervé Le Corre |Éléna Piacentini |Jérôme Leroy |Peter May |Deon Meyer |Leonardo Padura |Ron Rash |Anthony Pastor |Richard Stark |Darwyn Cooke |813 |Carnet de la Noir'Rôde | La Tête en noir | Festival du polar de Villeneuve lez Avignon - 22/05 Édition: Parutions de la semaine - 22 mai
- 27/11 Prix littéraire: Les 20 meilleurs livres de 2014 selon Lire
- 29/08 Prix littéraire: Sélection 2014 du Prix des lecteurs de Villeneuve lez Avignon
- 28/07 Prix littéraire: Sélection 2014 du Prix polar Michel Lebrun
- 28/05 Exposition: Günther Vicente - Hervé Le Corre
- 14/03 Édition: Parutions de la semaine - 14 mars
La glaire des guerres
Hervé Le Corre est un romancier discret qui prend le temps d'écrire ses romans à un rythme quinquennal. La trame de ce nouveau récit repose sur un héritage douloureux, celui de la collaboration pendant la Seconde Guerre mondiale avec son lot de mesquineries (au mieux) et de trahisons (au pire). En filigranes, le rôle de la police, accusée souvent d'avoir fait qu'obéir aux ordres. Mais cette intrigue va bien plus loin que chercher les origines d'une vengeance dans les tréfonds d'un conflit abominable. Elle va également puiser dans les conflits qui ont suivi, de la guerre d'Indochine à celle d'Algérie (au sujet de laquelle de plus en plus de romanciers prennent la plume) afin d'amplifier un fond humaniste et sociétal. Et Hervé Le Corre de mettre en avant la bêtise humaine, cette incapacité que l'on peut avoir à se souvenir, en décrivant pendant cette guerre d'Algérie qui a forcé beaucoup d'appelés à se murer dans un silence oppressant, des tortures et des massacres commis avant tout par des Français qui semblent avoir perdu de vue que ces mêmes tortures et massacres, ils en ont été victimes moins de vingt ans plus tôt...
Comme souvent chez l'auteur, l'action se déroule principalement à Bordeaux, une préfecture tenue par le tristement célèbre Papon pendant la Seconde Guerre mondiale. Le commissaire Darlac s'en est sorti indemne malgré ses exactions. Ce flic pourri a bouffé à tous les râteliers n'écoutant qu'un ventre lubrique et envieux. Il a trahi ses meilleurs amis, vendu ses ennemis et fait tuer plus que de raison. Mais dans les années 1950, il va croiser Daniel, un jeune idéaliste amoureux de la vie et d'une jolie fille. Un jeune qui a perdu ses parents pendant la guerre, déportés dans des camps, lui ne se sauvant que parce que sa mère l'a fait monter sur les toits où il a attendu de longues heures que l'on vienne le chercher, de la pisse plein le pantalon. Pour l'heure Daniel travaille dans un garage comme apprenti mécanicien en attendant que la guerre d'Algérie l'appelle. Mais c'est bel et bien son père qui débarque avec une moto. Un père qu'évidemment il ne reconnait pas et qui lui cache ses émotions et son identité. Car le père a une mission : se venger de ceux qui ont tué sa femme et cru l'assassiner par procuration nazie. Mais il se doit également de reconquérir l'estime de tous ceux qui l'ont connus. Il faut bien le dire, le portrait de cet homme que dresse Hervé Le Corre n'est pas non plus glorieux : dandy nocturne des beaux quartiers, joueur invétéré qui cocufie sa femme chaque nuit et délaisse son enfant à peine né, flambeur aveugle sûr de ses relations avec la police pour passer à côté des rafles. Sauf que quand les relations ont pour nom Darlac, l'on se doit de se méfier ce que d'une assurance crasse il n'a pas fait. Alors ce père va se venger tout en renouant avec de vieilles connaissances que peu à peu il amadoue. L'étau va se resserrer autour de Darlac. Là encore le portrait n'est pas glorieux. Il est détaillé au vitriol. Darlac est une enflure de la pire espèce. Une enflure professionnelle qui ramène du boulot à la maison. Sa femme, il la viole quand il le veut, c'est-à-dire quand il rentre en colère et bourré, autant dire tous les jours. Elle, a son lot de petits secrets qui la rendent particulièrement émouvante à l'image des autres femmes du roman qui bien souvent sont des victimes.
Hervé Le Corre a le souci des descriptions fines et amplifiées, il aime à nouer de petites histoires à la grande Histoire. Il nous emmène dans une ville bourgeoise avec ses jolies rues qui plongent dans des ruelles plus sombres où des rades cachent une misère sociétale avinée. Qui a déjà été dans Bordeaux se remémore des sensations. Car la ville malgré les années et ce qu'elle a pu voir comme spectacle affligeant est d'une pierre éternelle. Avec Après la guerre (quel titre !), il nous plonge dans l'horreur des guerres à répétition où les victimes se transforment en bourreaux, où d'autres victimes deviennent juges. Mais il se permet également dans ce roman ambitieux où l'on sent que chacun des mots a été pesé puis soupesé avant que d'être employé de dépeindre une société jeune sure de son avenir, sure de faire changer les choses. Ces jeunes étudiants idéalistes qui pour certains décident de ne pas parti à la guerre parce qu'ils se sentent proches des Algériens, peuple oppressé. L'Algérie qui dresse est étonnamment chaleureuse et accueillante. Hervé Le Corre ne fait qu'effleurer la guerre d'Indochine. D'un côté, c'est tant mieux, car le roman fait déjà ses cinq cents pages bien tassées, d'un autre c'est dommage car l'on sent bien qu'il y avait une volonté de l'auteur de l'incorporer à son récit démonstratif. Il n'empêche que Après la guerre est un grand roman avec une bien jolie veine romanesque. Une épopée de gens ordinaires dans un demi-siècle étrange et fou, qui se pare d'une fin appréciée à défaut d'être appréciable. Souhaitons que Hervé Le Corre ne nous fera pas languir jusqu'en 2019 pour nous proposer son prochain récit...
Récompenses :
Prix Polar Michel Lebrun 2014
Prix Landerneau Polar 2014
Trophée 813 du roman francophone 2015
Nominations :
Prix Polar Michel Lebrun
Prix des lecteurs de Villeneuve lez Avignon 2014
Citation
Il ne sait pas bien s'il lui est arrivé quelque chose. Il sait que quelque chose lui manque et il sent ça là, au creux de son ventre, entre sternum et estomac. C'est là comme un trou. Une boule de vide. Des fois ça fait mal, ça se noue, c'est amer et alors il crache ou dégueule quelques glaires. La guerre. Il a peur, soudain. Mais il voudrait aller voir de quoi, en dépit de tout ce qui l'écœure.