L'Allée du Sycomore

Mais j'affronte malgré tout la chose la plus horrible que j'aie jamais vue. Et on dirait que ça retourne le couteau dans toutes mes plaies infectées. Ils mentent tous. Du moins la plupart. Ils mentent tous pour protéger quelque chose qui n'en vaut pas la peine. Quelque chose que d'après eux il faut tenir caché à tout prix
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Roman - Thriller

L'Allée du Sycomore

Procédure MAJ vendredi 06 juin 2014

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22,9 €

John Grisham
Sycomore Row - 2013
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Dominique Defert
Paris : Jean-Claude Lattès, mai 2014
545 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-7096-4622-2

Saga avocat

Atteint d'un cancer, Seth Hubbard décide de mettre fin à ses jours selon ses propres termes. Or il laisse derrière lui un testament olographique déshéritant sa famille pour léguer la majeure partie de sa fortune à... sa femme de ménage, qui deviendrait ainsi la Noire la plus riche du Mississipi ! L'avocat Jack Brigance est embauché pour vérifier l'authenticité de ce nouveau testament. Lottie est-elle une manipulatrice qui a profité indûment de la maladie d'un vieil homme ? Seth était-il en toute possession de ses moyens ? Ou alors la vérité n'est-elle pas plus incroyable encore, à trouver dans un passé empreint des inévitables tensions raciales de ce coin du Sud ?
John Grisham n'est peut-être pas la star montante du genre comme au temps de La Firme (à la fois roman de plage idéal et témoin d'une époque, celle de la fin de l'ère des "yuppies" — bien mal traitée par le cinéma) et ne truste peut-être plus les listes de best-sellers, mais ce trente-deuxième roman prouve qu'il en a encore sous le capot... On peut aussi se poser la question : polar ou pas ? Si la formule du "thriller de cour" est celle d'une enquête, y a-t-il polar s'il n'y a pas vraiment de crime ? Vaste question... Toujours est-il qu'avec ce choix curieux que de reprendre le personnage de son tout premier roman, encore plus marqué par les tensions raciales du Sud, John Grisham parvient à captiver tout au long de ces cinq cent quarante pages bien tassées consacrées à des ratiocinations légales, vaste mécanique qui cache mal des destins individuels et des êtres humains, tout simplement, et témoigne d'un système qui nous paraît bien exotique et qui, sous la plume d'un auteur de moindre stature, serait proprement indigeste. Le temps a passé et la recette est plus ou moins connue, et comme dans l'excellent Le Client, il ne faut pas s'attendre au sturm und drang du thriller industriel tapageur, mais plutôt à la petite musique du réalisme. Si l'on se doute que l'avocat-vedette tirera d'un chapeau un argument au dernier moment, celui-ci instaure un retournement doux-amer qui donne un nouvel éclairage tragique à toute l'histoire. Le frisson de la nouveauté n'est plus là, mais John Grisham est loin de s'auto-caricaturer comme l'autre vedette des années 1990 qu'est Jonathan Kellerman. À vous de voir...

Citation

Le divorce était sa spécialité, et plus il était sinistre et sordide, mieux c'était. Il aimait la boue, la fange, le combat de rue, le frisson quand on pirate une conversation téléphonique, le choc quand on montre au tribunal la photo grand format de la jolie maîtresse dans sa nouvelle décapotable. Ses procès, c'était une guerre à la baïonnette.

Rédacteur: Thomas Bauduret lundi 02 juin 2014
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