Une terre d'ombre

En fait, j'étais refroidi par ces deux meurtres et je n'avais plus du tout envie d'acquérir cette maison, même si, ça s'était déjà vu de ma part, je pouvais changer d'avis comme de chemise sur un coup de tête.
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jeudi 21 novembre

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Roman - Noir

Une terre d'ombre

Historique - Social - Guerre - Évasion MAJ mardi 01 juillet 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Ron Rash
The Cove - 2012
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Isabelle Reinharez
Paris : Le Seuil, janvier 2014
242 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-02-108918-9
Coll. "Cadre vert"

Actualités

  • 08/10 Café littéraire: Rencontre avec Ron Rash (75)
  • 19/07 Prix littéraire: Finalistes 2015 des Balais d'or
    Le Concierge masqué sur son blog a dévoilé ses finalistes des Balais d'or. Cette année, ils sont déclinés en deux catégories : le Prix Balai d'or, qui récompense un roman de genre policier d'un auteur plus ou moins confirmé et qui a accepté de répondre aux questions du compère de service (l'équivalent masculin de la commère) ; le Prix Balai d'or de la découverte, qui récompense tout pareillement un roman de genre policier d'un auteur novice ayant subi les mêmes sévices. Les sélections de douze ouvrages ont été établies à l'issue d'un premier tour contrôlé par Geneviève Van Landuy et Richard Contin, et mêlent romans étrangers et francophones sans aucune distinction. Les jurés ont rendez-vous le 26 septembre 2015 à partir de 19 heures à l'Auberge Notre-Dame de Paris pour un ultime vote qui sera dévoilé le 28 novembre à la Bibliothèque Parmentier (Paris). A priori, les deux lauréats se verront remettre chacun une œuvre d'art. Dans le premier cas, c'est une certitude car il s'agit d'une toile du peintre havrais Dominique Lafosse. Il incombe d'ajouter que son nom sera gravé sur le Trophée en bronze déjà existant, et qu'il en recevra un en verre (un peu à l'instar du trophée de Roland Garros) ; dans le second, il n'est fait nulle mention d'une telle récompense hormis la photographie en vignette d'un trophée, ce qui laisse à penser que l'heureux élu ne sera pas oublié. Rendez-vous en novembre afin d'en savoir plus !

    Finalistes 2015 du Prix du Balai d'or :
    - Adieu demain, de Michaël Mention (Rivages, "Noir") ;
    - Poubelle's Girls, de Jeanne Desaubry (Lajouanie) ;
    - La Malédiction de Norfolk, de Karen Maitland (Sonatine) ;
    - Reflex, de Maud Mayeras (Anne Carrière) ;
    - Quand les anges tombent, de Jacqus-Olivier Bosco (Jigal, "Polar") ;
    - N'éteins pas la lumière, de Bernard Minier (XO) ;
    - Une terre d'ombre, de Ron Rash (Le Seuil, "Cadre vert") ;
    - Les Neuf cercles, de Roger Jon Ellory (Sonatine) ;
    - À mains nues, de Paola Barbato (Denoël, "Sueurs froides") ;
    - Nos disparus, de Tim Gautreaux (Le Seuil, "Cadre vert") ;
    - Après la guerre, de Hervé Le Corre (Rivages, "Thriller") ;
    - La Porte du Messie, de Philip Le Roy (Le Cherche midi, "Thriller").

    Finalistes 2015 du Prix du Balai d'or de la découverte :
    - X, de Sébastien Teissier (Nouveau monde) ;
    - Une terre pas si sainte, de Pierre Pouchairet (Jigal, "Polar") ;
    - Hors la nuit, de Sylvain Kermici (Gallimard, "Série Noire")
    - Les Écorchés vifs (Les Rédempteurs), d'Olivier Vanderbeq (Amalthée) ;
    - Les Belges reconnaissants, de Martine Nougué (Le Caïman, "Polars") ;
    - Les Roses volées, d'Alexandre Geoffroy (Ex Æquo, "Rouge") ;
    - Le Bal des hommes, d'Arnaud Gonzague & Olivier Tosseri (Robert Laffont) ;
    - Ravensbrück mon amour, de Stanislas Petrosky (Atelier Mosésu) ;
    - Burn-Out, de Didier Fossey (Flamant noir) ;
    - L'Heure du chacal, de Bernhard Jaumann (Le Masque, "Grand format") ;
    - Beau temps pour les couleuvres, de Patrick Caujolle (Le Caïman, "Polars")
    - Aux animaux la guerre, de Nicolas Mathieu (Actes Sud, "Actes noirs").
    Liens : La Malédiction du Norfolk |Quand les anges tombent |N'éteins pas la lumière |Les Neuf cercles |Après la guerre |La Porte du messie |Une terre pas si sainte |Les Roses volées |Burn-out |L'Heure du chacal |Beau temps pour les couleuvres |Aux animaux la guerre |Ravensbrück mon amour |À mains nues |Jeanne Desaubry |Karen Maitland |Jacques Olivier Bosco |Ron Rash |Roger Jon Ellory |Hervé Le Corre |Philip Le Roy |Pierre Pouchairet |Alexandre Geoffroy |Didier Fossey |Patrick Caujolle |Paola Barbato

  • 27/11 Prix littéraire: Les 20 meilleurs livres de 2014 selon Lire
  • 16/06 Prix littéraire: Sélections 2014 des GPLP

L'homme au pipeau

Fidèle à ses habitudes depuis maintenant quatre romans, l'écrivain américain Ron Rash dresse un portrait flamboyant des Appalaches habitées par des gens ordinaires dépeints magnifiquement. Nous sommes en 1918, et si la Première Guerre mondiale fait rage sur le vieux continent, elle va faire des ravages dramatiques dans un vallon maudit aux abord de Mars Hills. Là vient s'échouer un étrange joueur de flûte muet recueilli par une femme qui les gens accusent de sorcellerie parce qu'elle a une tâche de naissance, et son frère, rescapé des conflits où il y a perdu une main. Walter est un être énigmatique qui n'a qu'un but : rejoindre New York où un grand chef d'orchestre lui a promis de le prendre sous sa coupe. Le lecteur sait qu'il s'est échappé de Hot Springs, une drôle de prison, mais ne comprend pas de quoi il est accusé, ni quelles sont exactement ses motivations. Dans un premier temps, à peine remis d'une attaque d'un essaim d'abeilles, il ne cherche qu'à repartir de l'avant, mais il y a cet avis de recherche avec ses traits sur le quai de la gare. Alors il s'en retourne vivre avec Laurel et Hank. Bientôt, une idylle nait entre lui et la jeune femme. Le respect, cela fait longtemps qu'il l'a gagné auprès de Hank et surtout du voisin Slidell, un vieil homme bourru mais certainement pas aigri. Dans la petite ville, pendant ce temps, un homme est chargé du recrutement des volontaires pour aller participer à la Grande Guerre. Lâche, Chauncey est l'incarnation du planqué haï par les hommes qui ont (sur)vécu au front, et qui va finir par s'octroyer le commandement d'une mission qui doit lui offrir gloire et renommée. Seulement, la gloire et la renommée ne s'acquièrent pas comme cela.

Ron Rash prend le temps d'installer ses différents protagonistes dans un monde de taiseux où les bavards souffrent et font souffrir. Il parsème une intrigue classique et intelligente de faits historiques. S'intéresse au sort des civils américains aux origines germaniques, donne du rêve que ce soit à travers une flûte en argent de Paris ou du Vaterland (rebaptisé Leviathan par les Américains), un grand transatlantique à plusieurs ponts. Ses personnages héritent en droite ligne leurs personnalités des œuvres de Faulkner, Steinbeck et Caldwell. Ils sont ou pleutres, lâches et fainéants ou généreux dans la vie et dans l'effort. Avec son vallon maudit, il fait resurgir toute une mythologie universelle empreinte d'ostracisme. Son roman se teinte alors de jalousie, d'autodafé et de racisme. L'Amérique rurale et rustre se laisse gagner par les pulsions amères de troubles personnages. Dès le début, l'on comprend que l'histoire qui se déroule sous nos yeux est amenée à se conclure tragiquement car un homme recueille dans le sceau d'un puits un crâne aux orbites noirs. Pendant toute la durée de la lecture, on cherche à savoir qui sera la victime. Mais Ron Rash est un romancier fin qui aime à multiplier les chemins d'errance. Il multiplie les fausses pistes et est à l'aise dans les doubles sens. Mais il n'en oublie pas pour autant un lyrisme prononcé qui de roman en roman s'aguerrit et s'offre un fatalisme d'envergure alors même que l'armistice est signé à la fin de ce roman qui se conclue sur une touche douce amère. Et surtout, il ajoute une grande histoire d'amour dramatique, qui amplifie l'aspect romanesque.

Récompenses :
Prix Lucioles des lecteurs 2014
Grand prix de la littérature policière - roman étranger 2014

Nominations :
Prix Mystère du Meilleur roman étranger 2015
Trophée 813 Michèle Witta du roman étranger 2015

Citation

Toutes sortes de serpents venimeux et de plantes toxiques prospéraient ici et chaque pas était dangereux. D'immenses grottes remplies d'eau s'étendaient juste sous la surface apparemment ferme du sol. Qui pouvait céder et précipiter un homme trente mètres plus bas dans une eau si noire que les truites qui étaient là étaient aveugles.

Rédacteur: Julien Védrenne mardi 08 mars 2016
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