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Dragon bleu, tigre blanc
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Adélaïde Pralon
Paris : Liana Levi, mars 2014
290 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-86746-717-2
Coll. "Policier"
Actualités
- 04/07 Librairie: Sélections de l'été 2015 de la librairie Compagnie
Cela ne vous aura sûrement pas échappé mais c'est l'été. Et avec l'été, les différents magazines littéraires, les suppléments des quotidiens, les blogs et les sites de librairie y vont de leurs sélections de l'été. Eh oui, car la saison - comme toutes les autres, d'ailleurs ! - est propice à la lecture, cette fois-ci farniente. Et quoi de mieux, si l'on n'a absolument pas envie de réfléchir, de reposer ses neurones, que de lire des romans policiers ? L'ironie des propos ne vous aura pas échappé, et en ce qui concerne les sélections de la Librairie Compagnie (58, rue des Écoles - 75005 Paris. Tél. : 01.43.26.45.36), certains ouvrages - on pense à ceux parus à la "Série Noire" de Thomas Bronnec, D.O.A. et Dominique Manotti ou à Après la guerre de Hervé Le Corre chez Rivages - vont véritablement à l'encontre de cette littérature de gare ayant débarqué à la plage. Et puis surtout le très conséquent Hérétiques de Leonardo Padura présent dans la première sélection, la seule à être réduite à quatre titres, dont deux de littératures policières. La seule sélection intéressante car mêlant tous les genres et obligeant de par son nombre réduit à faire des choix personnels. Sinon, les grands formats et les poches sont en nombre conséquent (treize et vingt-huit) ce qui peut déconcerter - d'autant plus qu'il est difficile d'y voir une cohérence (hormis l'affection pour Peter May), mais il faut viser un large public. Quoi qu'il en soit, ces sélections remettent certains ouvrages en avant (et nombre d'entre eux sont sur k-libre. Ne boudons pas ce plaisir. Bon été !
Les Livres de l'été :
- Pour que tu ne te perdes paq dans le quartier, de Patrick Modiano (Gallimard, "NRF") ;
- Hérétiques, de Leonardo Padura (Métailié) ;
- Les Initiés, de Thomas Bronnec (Gallimard, "Série Noire") ;
- 1177 avant J.-C. : le jour où la civilisation s'est effondrée, d'Eric Cline (La Découverte).
Romans policiers grand format :
- Les Nuits de Reykjavik, d'Arnaldur Indridason (Métailié, "Noir") ;
- Retour à Watersbridge, de James Scott (Le Seuil, "Policiers") ;
- Les Initiés, de Thomas Bronnec (Gallimard, "Série Noire") ;
- Temps glaciaires, de Fred Vargas (Flammarion) ;
- Dans la ville en feu, de Michael Connelly (Calmann-Lévy, "Robert Pépin présente...) ;
- Les Ombres de Katyn, de Philip Kerr (Le Masque, "Grand format") ;
- Or noir, de Dominique Manotti (Gallimard, "Série Noire") ;
- La Violence en embuscade, de Dror Mishani (Le Seuil, "Policiers") ;
- La Chasse au trésor, de Andre Camilleri (Fleuve, "Noir") ;
- Perfidia, de James Ellroy (Rivages, "Thriller") ;
- Pu-Khtu Primo, de D.O.A. (Gallimard, "Série Noire") ;
- La Fille du train, de Paula Hawkins (Sonatine) ;
- Le Garçon qui ne parlait pas, de Donna Leon (Calmann-Lévy).
Polars en poche :
- Citoyens clandestins, de D.O.A. (Folio, "Policier") ;
- L'Homme de Lewis, de Peter May (Babel, "Noir") ;
- L'Île des chasseurs d'oiseaux, de Peter May (Babel, "Noir") ;
- Le Braconnier du lac perdu, de Peter May (Babel, "Noir") ;
- Nous cheminions entourés de fantômes aux fronts troués, de Jean-François Vilar (Points, "Romans noirs") ;
- Délivrance, de Jussi Adler-Olsen (Le Livre de poche, "Thriller") ;
- Yeruldelgger, de Ian Manook (Le Livre de poche, "Policier") ;
- Ceux qui tombent, de Michael Connelly (Le Livre de poche, "Policier") ;
- Prague fatale, de Philip Kerr (Le Livre de poche, "Policier") ;
- Pain, éducation, liberté, de Pétros Márkaris (Points, "Policier) ;
- Journal 1966-1974, de Jean-Patrick Manchette (Folio) ;
- Police, de Jo Nesbø (Folio, "Policier") ;
- Black-out, de John Lawton (10-18, "Domaine policier") ;
- Les Douze enfants de Paris, de Tim Willocks (Pocket, "Thriller") ;
- Les Impliqués, de Zygmunt Miloszewski (Pocket, "Policier") ;
- Trois cercueils se referment, de John Dickson Carr (Le Masque, "Masque jaune") ;
- Meurtre à Tombouctou, de Moussa Konaté (Points, "Policiers") ;
- Je suis pilgrim, de Terry Hayes (Le Livre de poche, "Thriller") ;
- Le Duel, d'Arnaldur Indridason (Points, "Policiers") ;
- La Sirène, de Camilla Läckberg (Babel, "Noir") ;
- Après la guerre, de Hervé Le Corre (Rivages, "Noir") ;
- Deux veuves pour un testament, de Donna Leon (Points, "Policiers") ;
- Une disparition inquiétante, de Dror Mishani (Points, "Policiers") ;
- Au service surnaturel de sa majesté, de Daniel O'Malley (Pocket, "Thriller") ;
- La Disparue d'Angel Court, de Anne Perry (10-18, "Grands détectives") ;
- Dragon bleu, tigre blanc, de Qiu Xiaolong (Points, "Policiers") ;
- Le Sceau du diable, de Peter Tremayne (10-18, "Grands détectives") ;
- D., de Robert Harris (Pocket, "Thriller).
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Bleu, Blanc et noir
Ces dernières années, les policiers des séries se voyaient, selon une tradition établie par Conan Doyle avec son détective Sherlock Holmes (avec l'insuccès que l'on connait et sa résurrection forcée), mourir durant leurs taches. L'inspecteur Chen, lui, travaille à Shanghai. Enfin, il croit qu'il va travailler car le roman s'ouvre avec sa nomination à un nouveau poste honorifique, un placard doré. Avant de quitter son poste, il essaye de passer les affaires en cours à son adjoint, mais à peine cette passation est-elle entamée qu'il est victime d'un coup fourré qui pourrait mettre un terme à sa carrière, et que l'ombre de la mort plane sur tout le roman, s'abattant autour de lui avec une régularité concentrique inquiétante. Alors Chen, sous prétexte de s'occuper de la tombe de son père, se replie à la campagne et réfléchit aux raisons qui expliqueraient cette disgrâce soudaine.
Ainsi, paradoxe d'un système fermé et totalitaire qui n'ose pas dire son nom, l'enquête ne porte pas sur des crimes réels et visibles, mais sur qui - en tant que coupable - a les moyens d'empêcher la police de faire son boulot correctement. Le problème c'est aussi que Chen travaille sur de nombreuses affaires et que toutes peuvent s'avérer sensibles : un cadre, fusible de ses supérieurs, a disparu ; des cochons morts baignent dans le fleuve ; un Américain est retrouvé mort dans une boite de nuit...
L'auteur mène donc son enquête comme l'on pratiquerait le billard français avec l'aide d'adjoints ou d'amis retraités qui vont faire le boulot à la place de son héros. Il concentre notre attention sur les précautions du policier pour éviter de se faire remarquer, pour soulever les lièvres sans aboyer après le gibier. Par un style épuré, par l'introduction de poèmes, par des références subtiles, Qiu Xiaolong montre que cette société ne dit jamais rien mais explicite les sous-entendus qui règnent en maître. Par exemple, à un moment donné, le policier et son supérieur échangent une conversation par internet. Tous deux savent qu'ils sont écoutés et un dialogue de sourds s'engage, dont le lecteur perçoit tout le sel.
Par delà l'enquête, ce sont toutes les contradictions du régime qui se manifestent : les plus corrompus décident de relancer la révolution culturelle et d'installer dans toutes les salles de karaoké des chants révolutionnaires. Les night-clubs avec salles de prostitution sont interdits, mais les épouses de dignitaires y chantent et les policiers y viennent pour dédicacer leurs anthologies poétiques.
Derrière l'enquête, en quelques coups de pinceaux, c'est tout un univers sociologique, une description fine de cette Chine qui s'est éveillée pour le malheur de ses fils, un inspecteur de plus en plus coincé dans sa volonté de justice car lutter contre le crime c'est une chose, lutter contre le système criminel érigé en valeur et possédant le pouvoir c'est autre chose. Comme souvent le roman noir en dit autant qu'un long traité historique.
Citation
Sans son poste, sa survie au sein du système semblait compromise. Les eaux de la politique chinoise étaient peut-être trop profondes pour lui.